Cameron impose l’austérité pour réduire les dépenses publiques britanniques
Le Premier ministre David Cameron a entrepris de réduire de manière drastique les dépenses publiques : 100 milliards d’euros d’économie sur quatre ans. Reste à savoir si ce remède de cheval ne risque pas de tuer le malade !
Malgré leur flegme légendaire, les habitants du Royaume-Uni font grise mine devant les mauvaises nouvelles qui se succèdent depuis quelques mois. Non pas qu’il s’agisse de surprises : David Cameron, le Premier ministre conservateur, avait fait campagne sur le thème de la responsabilité budgétaire et n’avait cessé de souligner la nécessité d’une cure d’austérité après les folles dépenses occasionnées par la crise financière de 2008. Gordon Brown, le chef du gouvernement travailliste de l’époque, s’était vu contraint d’ouvrir les vannes du crédit (et donc de creuser les déficits) pour sauver les banques. Il y avait perdu sa réputation d’Écossais administrant avec parcimonie l’argent des contribuables. L’Histoire jugera si Brown n’a pas fait preuve d’une réelle stature d’homme d’État en acceptant de ruiner sa réputation pour sauver son pays d’une dépression économique catastrophique.
Quoi qu’il en soit, il a été renvoyé à ses chères études (il est docteur en économie…), et c’est le nouveau chancelier de l’échiquier, George Osborne, qui a la rude tâche de mettre en œuvre le remède de cheval que la coalition au pouvoir entend administrer au royaume : il s’agit d’économiser 83 milliards de livres, soit environ 100 milliards d’euros, sur les quatre ans à venir. Autant de coupes dans les dépenses, donc, avec pour objectif de remettre l’économie sur les rails et d’arrêter la spirale de l’endettement.
Les coupes les plus importantes concerneront les services sociaux. De nombreuses allocations seront réduites, dans la durée et/ou dans les montants, ainsi que dans le nombre de personnes éligibles. Ce sont des coupes « classiques », qui correspondent aux vœux d’une partie de l’électorat conservateur, pour qui les allocataires sont des paresseux, sinon des parasites. Il est vrai que le Sun ou le Daily Mail dénichent régulièrement dans certaines villes des Midlands ou du Nord-Est des familles qui vivent d’allocations depuis trois ou quatre générations… Cameron a par ailleurs annoncé que ce système très compliqué – allocations familiales, monoparentales, de chômage, d’incapacité, etc. – allait être remplacé par une allocation unique qui dépendra de la situation de chaque demandeur. Le Parti travailliste, désormais dans l’opposition, n’a pas tardé à réagir. « Comme toujours, la facture sera payée par les plus pauvres », a déclaré son porte-parole.
Retraite à 66 ans
Autre mesure annoncée : l’âge légal pour toucher une pension de retraite de l’État passera dès 2020 à 66 ans pour tous. Jusqu’à présent, les femmes pouvaient prendre leur retraite à 60 ans et les hommes à 65 ans : désormais, tous seront logés à la même enseigne. Enfin, tous les ministères, ou presque, devront se serrer la ceinture. La fonction publique perdra 490 000 emplois. Les universités verront leurs subventions réduites, mais, en contrepartie, elles pourront augmenter les frais d’inscription jusqu’à 7 000 livres par an (contre un maximum de 2 400 aujourd’hui). La crise a bon dos, grognent certains universitaires, outrés par cette mesure « de droite ». Excellence oblige, Oxford et Cambridge ont déjà annoncé qu’elles demanderaient le maximum…
Les économistes regardent avec intérêt cette expérience grandeur nature qui départagera les classiques des keynésiens. Pour les premiers, le retour aux grands équilibres assainira l’économie, qui repartira d’un bon pied dans deux ans. Pour les autres, le retrait de milliards de livres des circuits économiques plongera le pays dans la récession. Rendez-vous fin 2013 pour voir les résultats de l’expérience et affûter les slogans des prochaines élections législatives…
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