Libye – Liban : l’énigme Moussa Sadr
Assassiné ou emprisonné ? Le sort de l’imam chiite disparu en 1978 après avoir rencontré Kadhafi fait de nouveau l’objet de toutes les spéculations.
La situation en Libye a redonné aux Libanais l’espoir de voir élucider une sombre affaire qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis trente-trois ans : la disparition, en 1978, entre Tripoli et Rome, de l’imam chiite libanais Moussa Sadr.
C’est le 25 août 1978, à l’invitation du « Guide » de la Jamahiriya, que le charismatique fondateur du parti Amal se rend à Tripoli, avec deux compagnons. Il cherche alors à convaincre les États arabes de mettre fin à la guerre qui embrase son pays. Les trois Libanais rencontrent Kadhafi, avant de disparaître dans la nature. Ils ne donneront plus jamais signe de vie.
À Beyrouth, les partisans de Sadr accusent Kadhafi d’avoir fait disparaître leur leader. L’enquête ouverte dès 1978 privilégie cette piste. Mais Tripoli a toujours été formel : Sadr et ses compagnons ont quitté la Libye pour l’Italie. De fait, trois hommes se présentant sous leurs identités avaient peu après séjourné à l’Holiday Inn de Rome. En 2004, Silvio Berlusconi remettra à Kadhafi le passeport de l’imam. Pourtant, la justice italienne avait confirmé que les trois hommes de l’Holiday Inn n’étaient pas les personnes disparues…
Aujourd’hui, les langues se délient. Libyens repentis ou résistants s’accordent sur la culpabilité du tyran, mais se contredisent sur un point essentiel : pour les uns, l’imam a été exécuté ; pour les autres, il est bien vivant. Ainsi, le 22 février, le militant Sami el-Masrati affirme qu’une personne ressemblant à l’imam a été transférée par avion depuis la ville d’El-Beïda, dans le Nord-Est. Le 23, Issa Abdelmajid Mansour, figure de l’opposition en exil, confirme que Sadr est bien vivant et croupit dans un cachot à Sebha, dans le sud du pays. Le même jour, dans les colonnes du quotidien Al-Hayat, le représentant démissionnaire de la Libye auprès de la Ligue arabe déclare que l’imam a été tué et enterré dans la région de Sebha…
Zones d’ombre
Au Liban, les partisans de Moussa Sadr sont plus que jamais persuadés du retour prochain de l’imam « de la patrie et de la résistance ». Plusieurs dizaines d’entre eux, de différentes confessions, ont manifesté, le 28 février, pour réclamer sa libération. Le 4 mars, la Haute Cour de justice libanaise, qui avait inculpé Mouammar Kadhafi en 2008, devait tenir une audience sur l’affaire.
Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de cette disparition. Et il faudra sans doute attendre l’avènement d’une Libye débarrassée de son bourreau pour espérer faire toute la lumière sur ce dossier.
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