Tchad : opposition à reculons
Pas de changements après la publication des résultats des législatives : le parti au pouvoir et ses alliés conservent la majorité absolue. La voie pour la présidentielle, en avril, est toute tracée.
Pari perdu pour l’opposition tchadienne : avec moins de trente députés à l’issue des élections des 12 et 13 février, contre une quarantaine dans la précédente législature, elle devra patienter encore cinq ans pour espérer progresser à l’Assemblée nationale. Seule l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), de Saleh Kebzabo, a obtenu onze sièges et peut constituer un groupe parlementaire. Le Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) a écrasé tous ses adversaires et remporte 133 sièges sur 188. Signe de cette domination sans partage : deux des principaux alliés du MPS, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) de Lol Mahamat Choua, un rallié de fraîche date, et le Viva-Rassemblement national pour le développement et le progrès (Viva-RNDP) de Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, se contentent de respectivement neuf et quatre députés.
Le scrutin s’est tenu dans un climat politique détendu, mais l’opposition dénonce de nombreuses irrégularités : plus de votants que d’inscrits ; plus de 100 % de voix dans certaines circonscriptions ; des cartes d’électeur falsifiées… Pour Saleh Kebzabo, « le MPS n’a d’autre culture que celle de la fraude. Il est revenu à ses premières amours : le passage en force ». Selon lui, le pouvoir n’a pas respecté le chapitre de l’accord politique d’août 2007, qui porte sur la neutralité de l’administration et de l’armée, et sur l’accès de l’opposition aux médias officiels. Saleh Kebzabo reconnaît que l’opposition « manque de présence sur le terrain et brille par son amateurisme », mais croit à la possibilité de revanche à la présidentielle, en avril. « Même si Déby a plus de moyens que nous, nous avons un argument : la volonté de changement des Tchadiens. Nous le contraindrons à un second tour. »
Haroun Kabadi, secrétaire général du MPS, rejette toutes les accusations de l’opposition. « Elle n’a aucune preuve de ce qu’elle avance, déclare-t-il. Chaque fois qu’elle perd, c’est la même rengaine. Le MPS a gagné sur la base d’un programme. L’opposition n’en a pas. » Le MPS, affirme-t-il, n’a pas mené campagne en utilisant les moyens de l’État, mais en utilisant « les moyens légaux. Or l’un des opposants ne s’est pas gêné de recourir aux véhicules de l’armée durant sa campagne. Aucun fonctionnaire, aucun militaire n’a reçu d’instruction pour favoriser le MPS. » Dans la majorité, on se dit donc serein avant la présidentielle : « C’est une autre élection, bien sûr, concède-t-il. Mais nous avons un bilan à défendre et un projet de société crédible. »
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