Bénin : une présidentielle à suspense

Publié le 8 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

À l’avant-veille du premier tour de l’élection présidentielle du 6 mars, les Béninois étaient toujours dans l’incertitude. À l’heure où nous mettions sous presse, le Conseil des ministres n’avait pas encore officiellement confirmé le plus que probable report du scrutin, initialement prévu le 27 février. Ces contretemps et ce sentiment d’improvisation témoignent d’une inquiétante crispation autour de la liste électorale permanente informatisée, la Lepi.

À l’issue d’un chaotique processus de recensement, à peine 3,5 millions de Béninois se sont retrouvés inscrits, contre 4,2 millions lors de la précédente présidentielle de 2006. Surprenant, dans un pays qui connaît une croissance démographique annuelle de 3,2 %. Et ce d’autant plus que l’on découvre que la partie septentrionale du pays favorable à Boni Yayi, le président sortant – a vu son poids électoral augmenter alors que l’agglomération portuaire de Cotonou est de loin le plus gros bassin de population.

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Tripatouillages politiques ? Anomalies techniques ? Quoi qu’il en soit, une révision de cette liste était devenue inévitable si le Bénin voulait s’épargner de vives contestations à l’issue du scrutin. Les deux anciens présidents, Émile Derlin Zinsou et Nicéphore Soglo, l’Union africaine, les Nations unies et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) demandaient unanimement ce report. Boni Yayi pouvait difficilement rester sourd à ces appels. Les députés de la mouvance présidentielle ont d’ailleurs voté, le 3 mars, la loi autorisant la révision de la Lepi.

« Nous voulons un audit indépendant de cette liste, et l’enregistrement de tous les électeurs manquants. C’est techniquement possible. De quoi le pouvoir a-t-il peur ? » lance Adrien Houngbédji, le principal candidat de l’opposition. « On finira bien par savoir ce que veut vraiment l’opposition », rétorque non sans raison un proche du chef de l’État. Il est vrai qu’en demandant discrètement à leurs partisans de boycotter le recensement, certains barons sudistes ont oscillé entre habiles manœuvres dilatoires et obstruction franche. Voulaient-ils saboter la Lepi pour revenir à l’ancien système des listes manuelles, qui offrait de belles possibilités pour de petits arrangements ? Il n’est pas interdit de se poser la question. Mais il n’est pas inutile, non plus, de demander des comptes aux agents recenseurs et aux informaticiens qui ont travaillé sur ce qui devait constituer une parade absolue contre la fraude. Au Bénin, les turpitudes sont une vertu communément partagée.

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