Niangouna connection

Les deux frères, figures du renouveau dramatique congolais, retracent la descente aux enfers d’un jeune immigré.

L’acteur du « Coeur des enfants léopards ». © Camille Millerand pour J.A.

L’acteur du « Coeur des enfants léopards ». © Camille Millerand pour J.A.

ProfilAuteur_SeverineKodjo

Publié le 4 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Dans la famille Niangouna, il y a Dieudonné, acteur, metteur en scène et dramaturge, l’une des figures du renouveau dramatique africain. L’auteur remarqué de Attitude clando et des Inepties volantes, deux pièces qui ont fait sensation à Avignon, respectivement en 2007 et en 2009. Et il y a Criss, l’aîné, qui travaille régulièrement avec l’intransigeant « Dido ». Deux frères au caractère bien trempé.

La voix rauque envoûtante, Criss interprète le personnage principal du Cœur des enfants léopards, l’adaptation théâtrale du roman éponyme du Congolais Wilfried N’Sondé, mise en scène par Dieudonné Niangouna. Une affaire de famille « congolo-­congolaise », donc ? Pas seulement.

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« Africain installé en France, ce texte me parle », explique Criss Niangouna, qui livre dans cette pièce une prestation poignante. Roman « autofictionnel », Le Cœur des enfants léopards retrace la descente aux enfers d’un jeune homme qui, un soir d’ivresse, se retrouve en prison. Né au Congo, installé en banlieue parisienne, il renoue les fils de son destin durant sa garde à vue : ses amours déçues, son ami Drissa qui a sombré dans la folie, les préjugés racistes des uns et des autres… et la voix d’un continent magnifié.

« Les mauvaises langues diront que nous sommes en présence d’un regroupement familial, les fils de Kongo se retrouveront pour faire leur numéro de texte, de mise en scène et de comédie », anticipe Wilfried N’Sondé, qui préfère évoquer plutôt « un coup de foudre artistique ». « Mes mots ont tout de suite trouvé leur place dans l’univers des Niangouna, ils se les sont appropriés pour les façonner, les tailler avec la vigueur et le talent qu’on leur connaît », explique-t-il.

« Notre univers, commente Criss, c’est l’écriture de “Dido”, qui peut sembler déconstruite dans la mesure où elle ne respecte pas nécessairement la syntaxe. Quand nous avons fondé notre compagnie en 1997, nous avions la prétention de nous démarquer de la pratique dramaturgique de l’époque, car elle ne nous suffisait pas. Nous voulions nous libérer des règles théâtrales. Avec Dido, il n’y a pas de code. » Un style dramaturgique baptisé « Big ! boum ! bah ! » en résonance à la violence et au chaos qui s’abattirent sur le Congo des années 1990. Et une liberté que les deux frères qui ont survécu à cette décennie d’horreur s’efforcent de transmettre. Criss Niangouna anime régulièrement des ateliers de théâtre à la prison de la Santé et à celle de Fresnes, en région parisienne. « Les détenus m’apprennent la spontanéité dans le jeu, que nous, comédiens, avons un peu perdue. La plupart d’entre eux ne sont jamais allés au théâtre. Apporter du théâtre en prison, c’est offrir un peu de liberté. »

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Le Coeur des enfants léopards, d’après le roman de Wilfried N’Sondé, mise en scène de Dieudonné Niangouna, avec Criss Niangouna, du 1er au 19 mars au Tarmac de la Villette (Paris), puis du 31 mars au 2 avril à l’Espace 1789, à Saint-Ouen.

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