DSK ou la stratégie du sphinx

Dominique Strauss-Kahn sera-t-il candidat à la présidentielle de 2012 ? Ses fonctions au FMI lui imposent le silence. Alors il répond par des énigmes. Pour l’instant, sa cote de popularité reste stratosphérique.

Dominique Strauss Kahn laisse planer le doute sur sa candidature en 2012. © AFP

Dominique Strauss Kahn laisse planer le doute sur sa candidature en 2012. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 7 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Il a volé la vedette à Nicolas Sarkozy lors du G20 Finances de Paris, les 18 et 19 février. Il a fait un joli score d’audience au journal de France 2, le lendemain, où il ne s’est pas départi de sa posture de directeur général du FMI qui se sent « utile » là où il est. Tout juste Dominique Strauss-Kahn a-t-il consenti à répondre aux lecteurs du Parisien qui le pressaient de dire s’il serait candidat à l’élection présidentielle de 2012 : « La France me manque, comme à tous les expatriés. » Pour tout le monde et malgré ce mutisme, « DSK » sera assurément sur les rangs de la primaire organisée par le Parti socialiste, à l’automne, pour désigner son champion face à un président sortant qui n’a, lui non plus, toujours pas dit s’il se représenterait.

Pourquoi ce silence persistant ? Parce que rendre publique sa candidature obligerait Strauss-Kahn à démissionner séance tenante de son mandat au FMI, qui ne s’achève qu’en novembre 2012. Parce qu’il concentrerait illico sur sa personne les tirs croisés de la gauche de la gauche, de la majorité et de l’extrême droite. Parce qu’il ne sait peut-être pas encore s’il a vraiment envie de troquer la fréquentation des « maîtres du monde » pour la montagne de problèmes qui l’attendent à l’Élysée.

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Pourquoi ce tohu-bohu (on dit « buzz », aujourd’hui) autour de lui ? DSK a acquis une stature d’homme d’État parce qu’à la tête du FMI il a coordonné avec succès la politique anticrise de la communauté internationale. Son éloignement et sa sérénité lui valent des sondages flatteurs dont il ressort qu’il écraserait Nicolas Sarkozy au second tour du scrutin.

Le pacte que, dit-on, il a conclu avec Martine Aubry, la première secrétaire du PS, prévoit que le moins bien placé des deux pour l’emporter s’effacera devant l’autre. Mais les sondages du mois de janvier ont laissé apparaître un début d’érosion de la popularité de DSK. Voilà pourquoi sa femme, la journaliste Anne Sinclair, qui, elle, n’est astreinte à aucun droit de réserve, a déclaré à l’hebdomadaire Le Point (du 10 février) qu’elle « ne souhaite pas qu’il fasse un second mandat » à la tête du FMI. Le message subliminal de ce retour presque annoncé a été instantanément décrypté et amplifié par les médias en folie. La droite a qualifié DSK de « bobo » peu représentatif de la France profonde ; la gauche de la gauche a jugé que la candidature du patron du FMI, cet « affameur des peuples », serait un « désastre ».

Sachant que DSK devra annoncer au plus tard le 12 juillet sa candidature à la primaire socialiste, quelle va être sa tactique pour ne pas se faire oublier des Français pendant ces quatre mois et demi de silence obligé ? Deux hypothèses.

1. Il se montre le plus souvent possible au chevet des États européens malades de leur dette : la Grèce, bien sûr, mais aussi l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Cette sollicitude annulerait en partie les critiques de l’UMP concernant son « éloignement » supposé du quotidien des Français. Ce serait une façon de dire : je suis là pour le cas où la France, elle aussi, ferait peur aux marchés et aurait du mal à boucler ses fins de mois.

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2. Il laisse parler pour lui le bilan de trois ans et demi passés à la tête du FMI, qui démontre qu’il y a un avant- et un après-Strauss-Kahn. C’est d’ailleurs ce qui ressort du livre de Stéphanie Antoine, DSK au FMI, dont on lira un extrait.

Même si la technicité des sujets abordés le rend un peu aride, l’ouvrage montre que, la crise aidant, l’ancien ministre des Finances de Lionel Jospin est parvenu à réformer la politique ultra­libérale de l’institution financière. Sous sa houlette, celle-ci se soucie désormais des conséquences sociales des sacrifices qu’elle demande ; quand c’est nécessaire, elle préconise le déficit, l’inflation et le contrôle des changes, qui étaient jugés naguère comme autant de crimes de lèse-orthodoxie.

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Pas sûr que cela suffise à convaincre, à gauche, que le père des 35 heures est socialiste.

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