Tunisie : on a retrouvé une partie du magot des Ben Ali

Liasses de billets, devises, bijoux… La valeur du trésor caché dans le palais de Sidi Dhrif appartenant à l’ex-couple présidentiel tunisien s’élève à quelque 21 millions d’euros.

Une parure de bijoux découverte dans un coffre-fort des Ben Ali. © D.R.

Une parure de bijoux découverte dans un coffre-fort des Ben Ali. © D.R.

Publié le 3 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Après l’annonce, le 19 février, de la découverte du « trésor caché de Ben Ali » dans le palais de Sidi Dhrif, l’une des propriétés du président déchu, à Sidi Bou Saïd, à 15 km au nord de la capitale, les spéculations allaient bon train à Tunis. C’est une opération de détection d’armes effectuée par l’armée qui a permis la mise au jour de coffres-forts copieusement garnis, dissimulés derrière une bibliothèque imposante aux portes coulissantes.

Retransmises par la télévision nationale, les images de cette caverne d’Ali Baba, tournées en présence d’Abdelfattah Amor, président de la Commission d’investigation sur les faits de corruption et de malversations, ont marqué les esprits. Les coffres regorgeaient de liasses de billets de banque portant le sceau de banques tunisiennes, mais aussi celui de la Banque centrale (BCT), de liquidités importantes en devises provenant de banques étrangères, ainsi que d’innombrables bijoux de valeur. En première estimation, outre les parures, ce sont 41,2 millions de dinars (21 millions d’euros) qui retournent dans l’escarcelle de l’État.

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Passés les premiers moments de stupeur, les Tunisiens se sont interrogés, via les médias, sur la provenance de ce magot et la manière dont il a pu être prélevé vu que les liasses portent principalement le sceau de la BCT.

Sous pression, la BCT, menacée d’être mis à sac par des manifestants, s’est expliquée. Si des caisses en bois frappées du sigle de la Banque centrale ont été trouvées sur place le 19 février, c’est parce que les convoyeurs de fonds de la Banque avaient été appelés pour transporter les 41 millions de dinars dissimulés derrière la bibliothèque vers le siège de la BCT dans le but de procéder au comptage du butin. D’autre part, la direction explique que si des liasses de billets enveloppées dans des bandes au nom de la Banque centrale de Tunisie ont été saisies sur place, cela ne prouve pas que l’argent provenait directement des coffres de la BCT (voir communiqué de la BCT).

Échaudés par les manipulations du système Ben Ali, d’aucuns pointent l’effet de diversion créé par cette découverte au moment où cinq mille personnes se rendaient à la Casbah pour réclamer la chute du gouvernement de transition. D’autres s’interrogent sur la légitimité de la commission à opérer la saisie du magot en l’absence du procureur de la République. L’opinion publique s’étonne également du fait que la résidence de Ben Ali n’ait été fouillée que récemment. Enfin, certains jubilent en voyant là une petite revanche sur un pouvoir qui avait la mainmise sur 40 % du PIB du pays à travers quelque 180 entreprises, même si ce trésor caché n’est rien en regard de la fortune des Ben Ali, estimée à 5 milliards de dollars par le magazine américain Forbes

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