Moussa Bezaz et les Chevaliers du ballon rond
Depuis juillet 2009, le Franco-Algérien est le sélectionneur des Fursan, l’équipe nationale palestinienne de football, qui dispute, le 9 mars, son premier match officiel à domicile.
Certains de ses amis lui avaient déconseillé d’accepter cette mission atypique. Moussa Bezaz (né à Grarem Gouga, en Algérie), 53 ans, s’était finalement laissé séduire. « Du travail, cela ne se refuse pas. » C’était en juillet 2009. Un an et demi plus tard, le Franco-Algérien est toujours à la tête de l’équipe nationale de Palestine, qui pointait en janvier à la 178e place (sur 207) du classement Fifa. Et qui s’apprête à disputer son premier match officiel à domicile, le 9 mars, à Al-Ram, près de Jérusalem, face à la Thaïlande, dans le cadre des qualifications du groupe Asie pour les JO 2012, à Londres.
La Palestine, grande consommatrice de coachs (quatorze depuis son affiliation à la Fifa en 1998), a usé bien des patiences, mais pas celle de Bezaz, pourtant habitué à évoluer dans des environnements plus stables : « J’ai joué à Épinal, Sochaux, Rennes et Chaumont, rappelle-t-il, et j’ai entraîné Épinal, Nancy et Charleville. Alors, la Palestine, c’est différent. »
Sa première expérience arabe, au centre de formation du paisible club d’Al-Aïn (Émirats arabes unis), n’a pas grand-chose à voir avec celle qu’il vit avec les Fursan (les « Chevaliers », surnom de l’équipe nationale palestinienne). « Ici, explique Bezaz, il faut tenir compte de la situation politique, qui a des répercussions sur la vie de la sélection. Par exemple, il y a deux championnats, un en Cisjordanie, l’autre à Gaza, lequel vient de reprendre après plusieurs années d’interruption. Et aller là-bas, c’est très compliqué. Il faut des autorisations spéciales. Pour savoir s’il y a des joueurs susceptibles de m’intéresser, je recueille les infos de certains de mes internationaux nés à Gaza. De plus, on manque de terrains : seulement 8 pour plus de 200 clubs. »
Depuis qu’il a posé les pieds à Ramallah, où il réside – à l’hôtel – quand il est en Palestine, Bezaz n’a jamais pu disputer un seul match à domicile. En douze ans, les Chevaliers n’ont évolué qu’une seule fois devant leur public. C’était à la fin d’octobre 2008, à Al-Ram, à l’occasion d’un match amical face à la Jordanie (1-1). Une petite parenthèse au milieu de plusieurs années d’errance entre le Qatar et les Émirats arabes unis, où la Palestine recevait.
Bezaz doit aussi composer avec les humeurs de l’administration israélienne quand il dresse une liste de joueurs à la veille d’un match international. « En Mauritanie, en août dernier, dix avaient pu sortir. Les autres étaient restés bloqués. J’avais complété ma sélection avec ceux qui jouent à l’étranger », explique le sélectionneur, marqué par le cas de cet international bloqué deux mois à la frontière au retour d’un match. « C’est pour cela que je recense les joueurs d’origine palestinienne évoluant à l’étranger. Ils n’ont pas de problèmes pour nous rejoindre quand nous sommes à l’extérieur. » Certains viennent d’Europe, d’autres d’Égypte, du Golfe ou de Jordanie. Et même de Santiago du Chili, où le club Palestino a été fondé en 1920 par la diaspora palestinienne installée dans le pays. « J’espère que la Fifa et le CIO [Comité international olympique] vont agir pour que ces problèmes d’entrée et de sortie du territoire soient réglés », plaide Bezaz, qui sera en fin de contrat le 30 juin prochain.
La Palestine, qui n’a plus gagné depuis le 3 avril 2006 (4-0 face au Cambodge), a réussi quelques « coups » sous son ère lors de matchs amicaux disputés aux Émirats (1-1), au Soudan (1-1), en Mauritanie (0-0) et à Moscou face au Dynamo (1-1). Et aura à cœur de briller devant son public lors du rendez-vous historique du 9 mars.
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