Oléiculture : la course à l’olive au Maghreb
Face au plan d’expansion marocain basé sur une valorisation des terroirs, la tunisie, premier producteur de la région, revoit son positionnement. Et cherche de nouveaux débouchés à l’export.
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Avec 1,7 million d’hectares d’oliveraies – soit un tiers de ses terres agricoles – et une production de 110 000 tonnes d’huile d’olive en 2010 (dont 75 % à destination de l’Europe), la Tunisie demeure le premier producteur maghrébin et le quatrième au niveau mondial, derrière l’Espagne, l’Italie et la Grèce, mais devant le Maroc (cinquième) et l’Algérie. Vendue pendant des décennies en vrac comme huile de coupe, la production tunisienne est en quête de positionnement et, pour se valoriser, mise notamment sur le conditionnement. Les premiers résultats indiquent que ce créneau est porteur : 7 570 t d’huile mise en bouteille ont été exportées en 2010, contre 1 600 t en 2006. Toutefois, si l’objectif qualité est atteint, la commercialisation souffre encore de l’absence d’appellation d’origine contrôlée et de label.
Un Maroc ambitieux
La Tunisie a pris le virage alors que, dans son rétroviseur, un outsider affiche des objectifs pour le moins ambitieux. Le Maroc, avec ses 680 000 ha d’oliveraies, ne produit que 3 % de l’or vert mondial, mais entend doubler sa surface d’exploitation à l’horizon 2020, à plus de 1,2 million d’hectares. En consacrant à la plantation d’oliviers une majeure partie des fonds alloués par le programme américain Millennium Challenge Corporation (plus de 500 millions d’euros sur cinq ans), l’Agence du partenariat pour le progrès compte imposer le pays, à moyen terme, comme un producteur mondial incontournable. Surtout, le royaume veut faire de l’oléiculture un secteur stratégique pour son développement. « Certaines régions présentent des atouts considérables pour faire de cette activité un pôle de développement économique et social et de promotion des exportations », indique, un peu convenu, Noureddine Ouazzani, directeur de l’Agro-pôle Olivier de Meknès.
En renouant avec la culture de l’olivier, le Maroc a d’emblée axé sa politique sur une valorisation des terroirs. Un marketing haut de gamme, même si pour l’instant les méthodes de production restent souvent artisanales (95 % du process est encore traditionnel) et que seules les nouvelles exploitations, comme celles des fermes de Béni Mellal, à 200 km au sud-est de Casablanca, répondent aux normes de qualité exigées pour l’export.
La bataille de la qualité
La bataille entre Tunis et Rabat pourrait se faire sur le plan de la qualité. « Le Maroc a déjà une longueur d’avance, affirme un grossiste italien. La Tunisie doit davantage songer à valoriser sa production qu’à l’augmenter. Cela passe par la création de labels et de marques d’huile emballée pour l’export. » Selon Mourad Ben Slama, spécialiste tunisien du secteur oléicole, « avec un produit de qualité et le préjugé favorable dont jouit actuellement le pays, l’huile d’olive tunisienne a toute sa place sur les marchés internationaux ».
De fait, alors que l’huile marocaine s’attaque à son tour à l’Europe – où elle se fait notamment connaître à travers des filières bio comme Oliviers & Co –, la Tunisie explore désormais de nouveaux marchés : les États-Unis, mais aussi le Japon. Avec deux ambassadeurs comme ceux-ci, l’huile d’olive maghrébine n’a pas fini de faire parler d’elle.
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