Thon rouge : des quotas qui fâchent
Les restrictions de pêche provoquent la colère d’Alger. Mais, calculées selon les prises de l’année précédente, elles révèlent surtout un secteur au point mort.
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Polémique à Alger. Le pays a vu son quota de thon rouge se réduire comme peau de chagrin, soit 1 % des prises dans l’est de l’Atlantique et en Méditerranée. Dans cette zone, les autorisations de pêche s’élèvent à 12 900 tonnes pour 2011 (soit 5 % de moins qu’en 2010), dont 56,3 % pour l’Union européenne, 9,5 % pour le Maroc, 7,9 % pour la Tunisie…
L’Algérie est ainsi privée des quatre cinquièmes de son quota de 2010, attribués principalement à la Libye et à la Turquie, qui voient en conséquence leurs parts augmenter respectivement à 7 % et 4,1 %. Cette réduction découle de l’absence de prises par l’Algérie l’an dernier. « On ne voit jamais les Algériens dans les groupes de travail ni dans les grandes réunions de la Cicta [Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, qui gère aussi les quotas en Méditerranée, NDLR], et ils ne disposent pratiquement d’aucune flottille de pêche », estime un observateur indépendant.
Assises nationales
Le ministre algérien de la Pêche, Abdallah Khenafou, ne l’entend pas de cette oreille. Alors que le secteur de la pêche s’est vu octroyer une subvention publique de 248 millions d’euros, dont 60 % pour l’achat de bateaux, il semble que l’argent ait été utilisé à d’autres fins. Si bien que les autorités algériennes ont lancé une action en justice contre onze propriétaires de thoniers, qui pourraient être condamnés à rembourser 20 % de la subvention.
L’affaire met en exergue un secteur algérien en souffrance. En octobre dernier, à l’occasion des Assises nationales de la pêche organisées à Alger, le ministère a fixé des objectifs ambitieux pour les quatre prochaines années. Cependant, malgré cette prise de conscience, rien n’indique que l’Algérie récupérera ses quotas. Pour la Cicta, les restrictions de pêche sont indispensables si l’on ne veut pas assister à court terme à la disparition totale de l’espèce, alors que la capture illégale de thon rouge aurait représenté environ 2,7 milliards d’euros entre 1998 et 2007.
En Libye, le problème a été abordé différemment. Le pays a opté depuis longtemps pour une cession de son quota global à des navires étrangers. La plus grosse compagnie de pêche libyenne, contrôlée par un fils de Kadhafi, a créé des coentreprises avec des pêcheurs européens, japonais et turcs. Ses bateaux, immatriculés en Libye, sont exploités par les pêcheurs étrangers associés, rétribués avec une partie de la pêche.
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