Armes bactériologiques en Irak : l’affabulateur passe aux aveux
L’homme qui a fabriqué de toutes pièces l’existence d’un programme d’armes bactériologiques irakien tombe le masque.
Les informations fournies par l’ingénieur irakien Rafid Ahmed Alwan al-Janabi sur les armes bactériologiques de Saddam Hussein sortaient tout droit de son imagination. C’est l’intéressé lui-même, surnommé par les services secrets occidentaux Curveball (de l’anglais to throw a curveball : « prendre par surprise »), qui l’a reconnu, le 14 février, dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian. Si l’absence d’armes de destruction massive en Irak est avérée de longue date, c’est aujourd’hui l’affabulateur en chef, installé en Allemagne depuis 1999, qui révèle pourquoi et comment il a réussi à berner les services secrets américains.
Interrogé à partir de 2000 par des agents allemands, Janabi décide de fabriquer de toutes pièces l’existence d’un programme d’armes bactériologiques irakien. Ainsi invente-t-il un accident chimique qui aurait tué douze personnes en 1998, ou encore des séances de travail nocturnes organisées le vendredi, jour chômé, afin d’échapper aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique. « J’ai eu l’occasion de monter une histoire pour renverser le régime, et j’en suis fier », déclare aujourd’hui Janabi.
Les démentis apportés par son ancien patron dès la fin de 2000 ne semblent pas avoir retenu l’attention des Américains, qui ont opportunément exhumé l’intox à la fin de 2002 pour justifier l’invasion de mars 2003. Colin Powell, secrétaire d’État au moment des faits, qui avait qualifié ces informations de « preuves de première main » dans un discours à l’ONU, le 5 février 2003, a été le premier à réagir aux aveux du transfuge irakien. Le 16 février, il a nié avoir jamais su que l’informateur n’était pas fiable et réclamé des explications à la CIA.
Dans ses Mémoires parus le 8 février, Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense, admet avoir commis des « erreurs de langage » en parlant de l’existence d’armes de destruction massive… Janabi, quant à lui, a obtenu la citoyenneté allemande en 2008. « Mais je ne vous cache pas que j’ai des problèmes, a-t-il confié au Guardian. Les services secrets allemands m’ont repris l’appartement et le téléphone qu’ils avaient mis à ma disposition. »
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