Attentat de Lockerbie : un poison nommé Megrahi
Le gouvernement de Gordon Brown aurait facilité la libération anticipée de l’agent libyen impliqué dans l’attentat de Lockerbie.
En août 2009, à la veille de sa libération d’une prison écossaise où il purgeait une peine de prison à perpétuité pour son implication dans l’attentat contre un avion de la Pan Am, au-dessus du village de Lockerbie, en décembre 1988, Abdel Basset el-Megrahi, agent des services libyens, était théoriquement à l’article de la mort. Le diagnostic médical était formel : cancer de la prostate en phase terminale, espérance de vie maximum de trois mois. Un élargissement et dix-huit mois plus tard, Megrahi coule des jours tranquilles auprès des siens.
Cette « miraculeuse rémission » irrite au plus haut point les familles des victimes américaines de l’attentat terroriste (189 des 270 morts), qui n’ont jamais cessé d’accuser le gouvernement travailliste de Gordon Brown d’avoir cédé au chantage de Tripoli, qui aurait menacé de s’en prendre aux intérêts commerciaux britanniques en cas de décès de Megrahi en détention. Une version que confortent des révélations de WikiLeaks qui évoquent une assistance du gouvernement Brown aux autorités libyennes lors de la demande d’une libération anticipée pour raisons médicales, démarche entamée par l’avocat de la Jamahiriya auprès de la justice écossaise.
Premier à s’en émouvoir, l’actuel chef du gouvernement britannique, David Cameron, a affirmé, le 7 février, devant la Chambre des lords, qu’il était « profondément injuste de faciliter un appel libyen auprès du gouvernement écossais au sujet d’un individu jugé coupable du meurtre de 270 personnes ». L’ancien Premier ministre n’a pas jugé utile de répondre à ces nouvelles accusations. Quand il était aux affaires, il avait formellement démenti toute pression exercée sur le voisin écossais, pendant que les ayants droit des victimes de Lockerbie manifestaient devant le 10, Downing Street, portant des dazibaos sur lesquels était écrit : « Pétrole contre Megrahi ». Les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks sont accablants pour Gordon Brown. Ils rapportent dans le menu détail les tractations entre Londres et Tripoli sur le dossier Megrahi et les conseils prodigués par des responsables britanniques aux juristes libyens afin de mettre à profit la détérioration de la santé du détenu pour obtenir sa libération.
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