Dernière ligne droite dans le procès de Charles Taylor

L’ancien président libérien était l’ultime accusé à comparaître devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Des incidents ont émaillé les derniers jours d’audience.

Charles Taylor, le 8 février. © Jerry Lampen/Reuters

Charles Taylor, le 8 février. © Jerry Lampen/Reuters

Publié le 14 février 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est la dernière étape d’une expérience longue et inédite pour le continent. Après trois ans de procès, la procureure du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), Brenda Hollis, a prononcé son réquisitoire contre Charles Taylor le 8 février. « Il a dirigé, instauré, alimenté et soutenu la campagne de terreur, a-t-elle accusé, pour contrôler de force la population et le territoire de Sierra Leone […] et pour piller les ressources, en particulier les diamants. »

Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor, 63 ans, est accusé d’avoir alimenté – en armes notamment – la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF), qui sévissait alors en Sierra Leone, pays voisin du sien. En échange, il aurait reçu des diamants, qui lui auraient permis de considérablement s’enrichir (44 millions d’euros, selon l’accusation). Assassinats, viols, violences sexuelles, atteinte à la dignité de la personne… Au total, 11 chefs d’accusation – appartenant notamment aux catégories crimes de guerre et crimes contre l’humanité – pèsent sur celui que ses compatriotes avaient l’habitude de surnommer Superglu (parce que, le plus souvent, les billets de banque qui passaient entre ses mains y restaient).

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Charles Taylor est le dernier accusé à être jugé par le TSSL, créé en 2002 par Freetown et les Nations unies pour juger les principaux responsables des atrocités commises pendant la seconde partie de la guerre civile, de 1996 à 2003. Il est aussi le premier ex-chef d’État africain à comparaître devant la justice internationale.

Du début à la fin, des incidents auront émaillé son procès. Il devait commencer en juin 2007 mais, boycotté par l’accusé, il s’est finalement ouvert en janvier 2008. Le 8 février dernier, l’avocat de Taylor, Courtenay Griffiths, a quitté la salle d’audience pour protester contre le refus des juges d’accepter le document résumant ses arguments, parce qu’il avait été remis avec vingt jours de retard. Dans la journée, Charles Taylor a lui aussi déserté son box.

Sa défense dénonce une « mascarade ». Elle se réfère à un télégramme révélé par WikiLeaks. L’ambassadrice américaine au Liberia y explique que, dans le cas d’une condamnation à une peine légère ou d’un acquittement, le retour de Charles Taylor au pays pourrait compromettre la paix, encore fragile. S’il était condamné, l’ex-président du Liberia purgerait sa peine en Grande-Bretagne. Les huit condamnations jusqu’alors prononcées par le TSSL vont de quinze à cinquante-deux ans de prison.

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