Fabien Eboussi Boulaga : « Gérer la routine »

Philosophe camerounais

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 15 février 2011 Lecture : 1 minute.

Comment va le Cameroun ?
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« La plupart d’entre nous sont des mécontents. Il ne s’ensuit pas que nous voulions le changement. Il faut dire plus : la plupart ne veulent pas changer. Notre modèle est le chauffeur de taxi qui n’aimerait pas se trouver devant des policiers devenus subitement tous intègres. Il lui faudrait avoir une voiture en bon état continuellement, avoir ses papiers en règle, etc. Tout cela lui paraît plus insupportable que d’avoir à glisser quotidiennement quelques billets de cinq cents francs à ceux qu’il traite de tous les noms.

Imaginez un gouvernement qui appliquerait les lois qu’il fait, réalise les objectifs qu’il se donne. Que de travail ? Quelles incertitudes, quels tracas, quel labeur que la gestion, la création, l’entreprise ? Une discipline d’enfer, voilà l’épouvantail. D’où ce conseil d’ami à un ministre nouvellement promu, pour sa longévité : “Gérer la routine, gérer la routine ; se convaincre qu’on n’a pas été nommé pour faire quelque chose d’autre.”

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Quel nom donner à un tel régime social, basé sur le minimum humain et ses lois d’airain qui sont : se soucier de son autoconservation ; améliorer ses conditions de vie au détriment des autres, en cas de rareté ou d’économie d’improduction ; s’attribuer tous les succès ; faire endosser les échecs aux autres ; ne dépendre de personne et faire dépendre les autres de soi et de son arbitraire ?

Vous voyez pourquoi ceux qui représentent nous représentent. Ne me demandez pas ce que je propose. Une méditation, parbleu ! »

 

* Discours prononcé en 2009. Contacté, Fabien Eboussi Boulaga confirme, deux ans après, ces propos.

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