Lutte contre le paludisme : nouvel ennemi en vue
Attention, danger ! L’existence d’une nouvelle sous-espèce de moustique vecteur du paludisme, plus apte à transmettre la maladie, vient d’être révélée. Cette découverte, publiée dans la revue Science le 4 février, a été faite au Burkina Faso par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP) de Ouagadougou, associés à des scientifiques américains de Harvard et de l’Université du Minnesota.
L’équipe voulait étudier les gènes de sensibilité au parasite du paludisme chez la femelle de l’Anopheles gambiae, qui infecte l’homme quand elle le pique pour boire son sang. Jusqu’à présent, l’hypothèse était simple : l’homme se fait surtout piquer la nuit, et chez lui. Les collectes avaient donc lieu à l’intérieur des maisons. « Cette méthode était la plus répandue, explique le Dr Sagnon N’Fale, coauteur de la découverte et entomologiste médical au CNRFP. On a suspecté une différence de comportement chez les moustiques, et découvert que certains groupes rentrent dans les habitations pour s’y nourrir puis en repartent. D’autres ne s’y rendent jamais. »
N’Fale et l’équipe ont alors recueilli des moustiques dans les foyers, mais aussi dans les flaques d’eau alentour, sur une bande de plus de 400 km à travers le Burkina. Au bout de quatre ans, les chercheurs ont découvert que plus de la moitié des insectes prélevés étaient exophiles, c’est-à-dire qu’ils vivent et piquent à l’extérieur des maisons. « La seule méthode pour les combattre est la lutte antilarvaire, très difficile à mettre en œuvre en Afrique car les plans d’eau changent en fonction des pluies, poursuit N’Fale. Pour le moment, le meilleur moyen reste la sensibilisation des populations. »
La découverte de ces nouveaux ennemis expliquerait l’échec des précédentes campagnes de lutte contre la maladie, privilégiant le recours aux moustiquaires et aux insecticides dans les maisons. Les Anopheles gambiae Goundry – du nom du village où ils ont été trouvés –, génétiquement très différents des autres moustiques, présentent une forte sensibilité au parasite de la malaria. « Les prochaines études porteront sur les piqûres des insectes exophiles et sur leur comportement au repos, afin de déterminer s’ils peuvent s’alimenter sur l’homme et transmettre le paludisme. » En attendant, les recherches sur le développement d’un vaccin se poursuivent. « Cette découverte nous permet de mieux cibler nos stratégies de lutte, conclut N’Fale. Mais cela nécessitera davantage de moyens. »
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