Après Nicolas et Ségolène, Martine

Martine Aubry à Dakar, le 9 février 2011. © Érick Ahounou/APA

Martine Aubry à Dakar, le 9 février 2011. © Érick Ahounou/APA

Christophe Boisbouvier

Publié le 13 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Dans l’imaginaire africain de Martine Aubry, il y a les grands hommes : Lumumba, Senghor, Cabral, Sankara et Mandela. Et il y a les amis : le sculpteur sénégalais Ousmane Sow et le chanteur malien Idrissa Sissoko. C’est un discours personnel que la première secrétaire du Parti socialiste français a prononcé le 9 février à Dakar, en marge du Forum social mondial. Pas un discours écrit par l’un de ses conseillers, comme celui de Nicolas Sarkozy en juillet 2007. Non. La maire de Lille y a livré une part d’elle-même. Une part méconnue. Son lien à l’Afrique, et notamment à trois pays qu’elle a souvent visités : le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso.

Bien sûr, après la fameuse phrase de Sarkozy sur « l’homme africain [qui] n’est pas assez entré dans l’Histoire », la chef de l’opposition française ne pouvait manquer de réagir. En avril 2009, Ségolène Royal était venue demander « pardon » pour « les paroles humiliantes » du chef de l’État français. Moins polémique sur la forme, Aubry s’est montrée aussi cinglante sur le fond : « Comment ne pas saluer ici l’immense Cheikh Anta Diop, qui a montré l’apport de l’Afrique au monde dans des domaines aussi fondamentaux que la métallurgie, l’écriture, les sciences, l’art. Que ceux qui en doutent, Occidentaux pressés, prennent le temps de le découvrir. »

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Surtout, la première secrétaire du PS a livré sa vision de l’avenir. « Le temps de l’Afrique est venu, a-t-elle assuré. Il est grand temps que nos deux continents, l’Afrique et l’Europe, fondent une alliance stratégique dans les affaires du monde. » Applaudissements des centaines de personnes entassées dans la petite salle de la place du Souvenir, face à l’océan. Prudente, l’ex-ministre de Lionel Jospin n’a pas fait de grandes promesses sur l’immigration. Tout juste un appel à une « circulation des compétences » et cette formule : « L’Europe ne peut se vivre en forteresse. » 

Candidate virtuelle

« J’avais l’impression d’entendre une candidate », a commenté l’opposant sénégalais Abdoulaye Bathily, présent dans la salle aux côtés du leader socialiste, Ousmane Tanor Dieng. Réformes du Conseil de sécurité et du G20… Martine Aubry s’est projetée vers 2012. Un signe ne trompe pas. La veille, Anne Sinclair, l’épouse de Dominique Strauss-Kahn (DSK), avait laissé entendre que son mari serait candidat aux primaires du Parti socialiste français. Évidemment, à son arrivée place du Souvenir, la première secrétaire a été assaillie de questions sur DSK – et non sur son discours. Aussitôt, vexée, elle a lancé aux journalistes : « Vous me faites honte. »

C’est aussi une candidate virtuelle à la présidentielle française qu’Abdoulaye Wade a reçue longuement à déjeuner, le même jour, au palais. Deux heures d’échanges courtois entre l’homme de droite et la femme de gauche. Seul accroc : au candidat à un troisième mandat en 2012, la Française a rappelé que la Constitution sénégalaise ne prévoyait que deux mandats maximum. Réponse agacée de Wade : « On peut faire d’autres interprétations. »

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