Mascarade à Naypyitaw
Pour la première fois depuis cinquante ans, le Parlement birman s’est réuni, le 31 janvier, à Naypyitaw, la nouvelle capitale administrative du pays. Est-ce la fin du régime militaire en place depuis vingt ans ? Non, bien sûr. Peu de choses vont changer, au moins dans l’immédiat. La junte continuera d’exercer sur le pays un contrôle absolu. Le nouveau Parlement sera dominé par les militaires. Conformément à la Loi fondamentale, un tiers des sièges de députés leur sont réservés. Et 80 % des civils élus lors des élections controversées du 7 novembre représentent des partis créés avec la bénédiction de l’état-major. C’est le cas du Parti de l’union pour le développement et la solidarité, le grand vainqueur du scrutin.
Le Front démocratique national, le parti d’Aung San Suu Kyi, qui avait remporté les législaties de 1990 mais n’a jamais été autorisé à gouverner, a boycotté la consultation de novembre. Certains de ses membres se sont néanmoins présentés en tant que candidats indépendants et ont remporté une douzaine de sièges, sur les six cents que compte la nouvelle Assemblée. Ils constituent la troisième force du Parlement, mais on voit mal quel rôle ils seront en mesure de jouer dans la « démocratie disciplinée » imposée par l’armée.
Les travaux du nouveau Parlement ont été dominés par l’élection du chef de l’exécutif. Le retrait de Than Shwe, l’actuel homme fort du pays, a créé la surprise. Il sera vraisemblablement remplacé par Thein Sein, le Premier ministre sortant. Celui-ci a été coopté par la Chambre basse, mais ce choix doit encore être entériné par la Chambre haute.
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