Alliot Marie fait les frais de son « amitié » avec un homme d’affaires tunisien

L’homme d’affaires Aziz Miled. © Hichem

L’homme d’affaires Aziz Miled. © Hichem

Publié le 8 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Lorsque, à la fin de décembre, il a transporté dans son jet privé, de Tunis à la station balnéaire de Tabarka (Nord-Ouest), Michèle Alliot-Marie, ainsi que les parents et le compagnon de la ministre française, Aziz Miled l’a fait par amitié. Mais l’homme d’affaires savait aussi que le président Ben Ali allait lui savoir gré de ce geste gratifiant pour le tourisme tunisien et… pour sa propre image.

En installant ses amis au Tabarka Beach, un paradisiaque cinq-étoiles qui lui appartient, Miled était cependant loin de s’imaginer que Ben Ali prendrait la fuite trois semaines plus tard, et que les vacances de la chef de la diplomatie française dans un pays au régime contesté susciteraient une vive polémique.

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Durant leur séjour, Alliot-Marie et les siens ont été « chaperonnés » – c’est le terme employé par un témoin – par un ami tunisien qui a longtemps dirigé le casino Partouche de Djerba, où la ministre avait l’habitude de passer ses vacances. ­Yassine Ben Abdessalem, 46 ans, ingénieur des Ponts et Chaussées-Paris, a fait carrière dans le groupe Partouche, dont il dirigeait un établissement en Suisse il y a un an. Depuis Tabarka, il a accompagné le groupe dans des excursions alentour, notamment à Bulla Regia, un site romain. Ils ont aussi passé une journée à Tozeur, aux portes du désert, où ils se sont rendus grâce au jet de Miled. Selon notre source, ce serait Patrick Ollier, le compagnon d’Alliot-Marie – et par ailleurs ministre chargé des Relations avec le Parlement –, qui a payé la facture : de l’ordre de 3 000 dinars (1 500 euros) pour les quatre personnes. « La modicité de cette somme pour un séjour dans deux suites, thalasso comprise, est due au fait que l’hôtel leur a fait une fleur en cette période creuse. Il a appliqué le tarif des chambres ordinaires. »

Membre actif du clan Ben Ali, Miled a fait partie du comité de campagne du président à plusieurs reprises, et en était l’un des principaux bailleurs de fonds. Son nom figure – avec un millier d’autres – sur deux pétitions diffusées dans les médias en octobre dernier appelant Ben Ali à briguer un sixième mandat. On a appris depuis que certaines personnes n’avaient pas signé ces pétitions et qu’elles avaient été inscrites d’office par deux conseillers du président.

Miled a-t-il été « spolié » par Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali, et sous la pression de ce dernier ? La fusion des compagnies aériennes privées Nouvelair (contrôlée par Miled) et Karthago Airlines (propriété de Trabelsi) a pourtant eu lieu, dit-on dans les milieux boursiers, sur la base d’un échange d’actions dont la parité a été recommandée par un cabinet indépendant du groupe Rothschild (1 action Nouvelair pour 3,8 actions Karthago). Ce qui a en revanche paru curieux à l’époque, c’est que, avec 21 % du capital, Trabelsi ait pris la présidence de Nouvelair jusque-là assurée par Miled. Ce dernier avait justifié son retrait par son âge (71 ans, en 2008).

Vendeur à la sauvette de tapis de ­Kairouan, sa ville natale, Miled est devenu un pionnier de l’industrie touristique avec Tunisian Travel Service, aujourd’hui l’un des dix premiers groupes privés du pays. Il a notamment développé ses affaires avec Slim Chiboub et Marwan Mabrouk, deux autres gendres de Ben Ali. Avec 12 % dans le capital de la Banque internationale arabe de Tunisie, il a permis aux frères Mabrouk de disposer d’une majorité de contrôle.

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