Algérie : attention à la marche

Publié le 8 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Abdelaziz Bouteflika a enfin parlé. Un mois après les émeutes qui ont éclaté dans vingt des quarante-huit wilayas (préfectures) que compte le pays. Ses propos sont rapportés par le communiqué du Conseil des ministres du 3 février. Après s’être incliné en mémoire des victimes (quatre morts, dont un tué par balle) et avoir déploré que des actes de destruction aient accompagné les manifestations, le président algérien a abordé la question de l’état d’urgence. La levée de ce dernier il est en vigueur depuis 1992 – constitue la principale revendication de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, qui appelle à une marche populaire et pacifique à Alger, le 12 février.

Bien que marches et manifestations soient interdites dans la capitale, la CNCD maintient son appel. Un bras de fer du plus mauvais effet pour le pouvoir, trois semaines après la fuite pitoyable du Tunisien Ben Ali et au moment où les images de la place Al-Tahrir, au Caire, passent en boucle sur toutes les chaînes de télévision.

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Afin de « mettre un terme à toute polémique infondée sur la question de l’état d’urgence, a annoncé Bouteflika devant un Conseil médusé, je charge le gouvernement de s’atteler sans délai à l’élaboration de textes appropriés qui permettront à l’État de poursuivre la lutte antiterroriste dans le cadre de la loi. » Un plan Vigipirate à l’algérienne ? Pour le cas où son annonce ne dissuaderait pas les organisateurs de la marche, le président a réaffirmé que l’exception qui frappe Alger – les manifestations sont autorisées ailleurs – est due à « des raisons d’ordre public bien connues, et qu’elle n’a certainement pas pour objet d’empêcher une quelconque expression ».

En ces temps d’incertitudes sociales, d’effluves révolutionnaires et d’envolée des cours mondiaux des produits de première nécessité, le chef de l’État a tenu à rappeler que l’amélioration des conditions de vie de la population a toujours été au cœur de son action. « Pour répondre aux attentes des citoyens », il a annoncé de nombreuses mesures visant à encourager l’emploi, accélérer les chantiers de construction de logements sociaux, réguler le marché et préserver le pouvoir d’achat. S’agissant de la corruption, Bouteflika a reconnu que « des atteintes aux deniers publics existent et [que ce] fléau s’est renforcé ». « Nul ne tente de dissimuler ces réalités, mais nul ne peut contester la détermination de l’État à combattre ces déviations », a-t-il conclu.

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