Terrorisme, sang pour sang

Trente-cinq morts, déchiquetés par 7 kg de TNT, et plus de cent blessés : c’est le bilan provisoire de l’attentat-suicide perpétré le 24 janvier à l’aéroport de Domodedovo, à 40 km de Moscou. D’habitude prompt à menacer (on se souvient de sa promesse de « buter les terroristes jusque dans les chiottes »), le Premier ministre Vladimir Poutine fait profil bas, laissant au président Dmitri Medvedev le soin de tancer la police pour son incurie et de limoger quelques lampistes.

Ni l’un ni l’autre n’ont émis la moindre critique à l’égard des services de renseignements, qui, quelques jours auparavant, avaient pourtant été avertis de l’imminence d’une attaque. Leur perquisition dans un appartement moscovite s’était révélée infructueuse, et aucune mesure supplémentaire n’avait été prise. L’effectif du personnel de sécurité de l’aéroport, où transitent chaque année 22 millions de voyageurs, aurait même été divisé par deux depuis le début de l’année.

À en croire Poutine, cet acte terroriste n’a « aucun lien avec la Tchétchénie ». Mais les kamikazes n’en sont pas moins originaires du Caucase (du Daguestan, sans doute), où pas un jour ne passe sans qu’un attentat soit perpétré contre des représentants de l’État russe ou ses collaborateurs locaux. Traquée en Tchétchénie, la rébellion indépendantiste s’est radicalisée, essaimant dans toute la région.

Face à ce double échec, militaire et politique, nul doute que Poutine continuera de brandir le spectre du terrorisme islamiste pour se concilier les bonnes grâces des Occidentaux et persistera dans le choix du tout-répressif. Auquel pourrait répondre une nouvelle vague d’attentats, dans la perspective de la présidentielle de 2012 et des Jeux olympiques d’hiver de 2014, à Sotchi, dans… le Caucase.