Jack Lang propose de « somaliser » les réponses dans la lutte contre la piraterie maritime
C’est en substance la préconisation que l’ancien ministre de la Culture français, Jack Lang fait dans le rapport qu’il a remis au Conseil de sécurité de l’ONU concernant l’état de la lutte contre la piraterie maritime sur l’océan indien.
Le 17 novembre 2010, l’équipage d’un hélicoptère de la force navale Atalante arraisonne un navire suspect dans le golfe d’Aden. Ses occupants ont le temps de jeter à la mer des échelles, mais pas leurs armes – deux lance-roquettes et une arme automatique. Des pirates ? Sans nul doute. Mais le commandant de la patrouille est bien embêté : il sait, par expérience, que les preuves ne sont pas suffisantes et qu’aucune demande de transfert aux autorités judiciaires ne sera acceptée. Il les libère.
Cette mésaventure, révélée dans le rapport que Jack Lang a remis au Conseil de sécurité des Nations unies le 25 janvier, en dit long sur l’état de la lutte contre la piraterie maritime dans l’océan Indien.
Le député français, nommé conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU sur cette très précise question en août dernier, estime qu’actuellement neuf pirates sur dix sont libérés, faute de mécanisme permettant de les juger et de les incarcérer. Ce qui aboutit à un « sentiment d’impunité » parmi les pirates, qui seraient de plus en plus nombreux, 1 500 au bas mot. Selon Lang, si une riposte ferme n’est pas organisée de toute urgence, le processus de professionnalisation et d’intensification de la piraterie pourrait atteindre « un point de non-retour ». Pour être efficace, il faudra sortir le chéquier et, surtout, « somaliser » les réponses.
Plutôt qu’un Tribunal pénal international, trop coûteux, ou régional, trop long à mettre en place, Lang prône la création « d’une cour spécialisée somalienne extraterritoriale », qui pourrait être localisée à Arusha, en Tanzanie. Il préconise également la mise en place de deux juridictions spécialisées et la construction « immédiate » de deux prisons, dans le Puntland et au Somaliland. Sur le plan sécuritaire, « il convient de frapper les réseaux de piraterie en s’attaquant aux commanditaires ». Mais rien de tout cela n’aura d’effet si la communauté internationale n’aide pas la Somalie à se développer afin de « dissuader les jeunes de se tourner vers la piraterie ».
La France a déjà apporté son soutien à ces propositions, l’Union européenne les étudie positivement, mais, comme le relève Lang, il y a, à l’ONU, « absence de consensus » sur la question.
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