Pour le groupe Louis Dreyfus, le coton ne suffit plus

Numéro un mondial dans l’import-export d’or blanc, le groupe a mis la main sur l’un des leaders africains du commerce d’engrais. Un premier coup sur le continent… qui en annonce d’autres.

SCPA Sivex international a été privatisée au profit du groupe de Genève. © Vincent Fournier/J.A.

SCPA Sivex international a été privatisée au profit du groupe de Genève. © Vincent Fournier/J.A.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 7 février 2011 Lecture : 2 minutes.

Louis Dreyfus est un groupe qui va compter en Afrique. Le négociant de produits agricoles, leader mondial dans l’import-export de coton et de riz, mais aussi très bien implanté dans le commerce du café ou des oléagineux, a fait du continent sa priorité stratégique pour les années à venir. « Nous mettons un pied sur l’accélérateur depuis deux ans, même si notre présence est historique », confirme Guy de Montule, président Moyen-Orient et Afrique de Louis Dreyfus Commodities (LDC).

Mi-janvier, cette filiale consacrée au commerce des matières premières, dont le chiffre d’affaires tutoie les 50 milliards de dollars (environ 37,5 milliards d’euros), a réussi un joli coup : décrocher la privatisation de SCPA Sivex International, l’un des leaders africains dans l’importation et la distribution d’engrais, cédé par l’État français.

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En amont et en aval

Le négociant est déjà très solidement présent dans l’import-export de coton ouest-africain, notamment grâce à sa proximité avec le groupe Advens. Il reste également une référence dans le négoce de riz, de sucre, mais aussi de lait, de viandes congelées et de céréales. Cela ne suffit plus : LDC entend désormais – comme tous ses grands compétiteurs internationaux – remonter la chaîne de valeur. Autrement dit, être présent non seulement en amont, dans la production agricole, mais aussi en aval, dans la transformation. L’objectif ? Capter davantage de valeur ajoutée par rapport à l’activité de négoce, où les marges sont faibles. « Notre but est à la fois de satisfaire les besoins en importations et de développer l’agriculture locale pour les besoins locaux », rappelle Guy de Montule.

Le négociant, dont le capital reste entièrement détenu par la famille Louis-Dreyfus, n’en était jusqu’à présent qu’aux premiers pas de cette nouvelle stratégie en Afrique, alors qu’il l’a largement développée en Amérique latine, notamment au Brésil. Sur le continent, Louis Dreyfus ne comptait jusqu’alors que quelques participations historiques dans des sociétés cotonnières et une part du capital des Moulins modernes de Côte d’Ivoire. La prise de contrôle de SSI va doper sa présence en lui offrant un management qui connaît bien le terrain et jouit de relations étroites avec le monde agricole, tout en lui permettant d’acquérir plusieurs actifs stratégiques, dans la gestion portuaire notamment.

L’opération lui permet aussi de prendre un coup d’avance sur ses concurrents. « Parmi les grands négociants mondiaux, Dreyfus n’est pas le seul à s’intéresser au continent, explique l’un d’entre eux. ADM, Bunge ou Wilmar ont d’immenses ambitions en Afrique, notamment au centre et à l’ouest. Ceux-là, tout comme Dreyfus, veulent prendre appui sur des groupes locaux, bien implantés, pour se développer dans une zone difficile à pénétrer et où la connaissance du tissu local est fondamentale. »

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Olam, le négociant singapourien qui monte et avec qui LDC a un temps envisagé de s’associer, multiplie les coups et, avec le malaisien Wilmar, est entré au tour de table du groupe ivoirien Sifca. Louis Dreyfus, qui ne cache pas son intention de multiplier les projets agro-industriels dans la zone, fera-t-il de même ? L’achat de SSI est une première étape dans ce sens. Et il est sûr, concède-t-on au siège genevois de LDC, qu’il y en aura d’autres…

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