Casablanca Finance City sort le grand jeu
Avantages fiscaux pour les entreprises, zone immobilière dans le quartier d’Anfa… La plateforme financière, dont le statut a enfin été publié, affûte ses armes pour devenir incontournable en Afrique du Nord.
Lancé mi-2008 sous la double impulsion du ministre de l’Économie Salaheddine Mezouar et du gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, le projet de renforcement du secteur financier marocain affiche un objectif ambitieux : dépasser à terme l’Egyptian Exchange, la place forte d’Afrique du Nord avec une capitalisation de 60 milliards d’euros (contre 52,9 milliards d’euros à Casa), en attirant les entreprises spécialisées. Les Marocains veulent prendre de vitesse Tunisiens et Algériens, qui ont lancé eux aussi leurs propres projets de place financière régionale.
Après la nomination en avril 2010 de l’ancien trésorier du royaume, Saïd Ibrahimi, à la tête de ce projet stratégique, une société spécifique a été constituée : le Moroccan Financial Board (MFB) a pour actionnaires la banque centrale, la Caisse de dépôt et de gestion et la Bourse de Casablanca pour le secteur public, les banques Attijariwafa, BMCE et Banque populaire côté privé.
À peine mise en place, la nouvelle structure s’est attelée à concevoir le statut de Casablanca Finance City (CFC) et à le faire valider. Approuvé par le Parlement fin novembre 2010, il a été publié au Bulletin officiel le 31 décembre 2010. Dès cette année, il permettra aux sociétés du secteur financier installées au Maroc de bénéficier d’exonérations fiscales sur leurs revenus dégagés à l’exportation et sur les salaires de leurs spécialistes expatriés. Les premières entreprises à en bénéficier devraient être désignées dans les trois prochains mois.
Pour passer à la vitesse supérieure, l’équipe menée par Saïd Ibrahimi s’est par ailleurs étoffée, passant de cinq salariés l’été dernier à une quinzaine aujourd’hui. Elle vient de prendre place dans des locaux flambant neufs au onzième étage des Twin Towers, en plein centre de Casablanca, et travaille dans un environnement hautement sécurisé : filtrage sourcilleux à l’entrée du bâtiment et portes à identification biométrique. L’heure n’est pas à la communication tant que la stratégie n’est pas complètement ficelée : le MFB doit encore définir les catégories d’entreprises à cibler et les nouvelles mesures incitatives qui viendront compléter le statut de CFC, et élaborer un calendrier de prospection à l’international.
Facilités de bail
Les financiers de Casablanca attendent beaucoup du projet et ont leur idée sur les entreprises qu’il faudrait attirer pour doper le secteur : « Il nous manque de grands fonds d’investissement, que ce soit de capital-risque, pour aider au démarrage d’entreprises, ou de capital-développement, pour en accélérer la croissance. Nous avons également besoin de courtiers, mais aussi d’assureurs spécialisés, sans oublier les sociétés de finance islamique », estimait en mai dernier Khalid Nasr, vice-président de la banque d’affaires BMCE Capital.
Pour attirer ces acteurs, une zone immobilière de 100 ha est prévue sur l’ancien aéroport désaffecté d’Anfa, au sud-est de Casablanca, avec pour les futurs locataires des facilités de bail et d’infrastructures. La mise en chantier, pilotée par une entité à part, l’Agence d’urbanisation et de développement d’Anfa, est prévue pour 2012, et la commercialisation des lots pour 2014. Si cette zone prend son envol, la Bourse, actuellement située en plein centre, pourrait à terme y déménager.
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