Gare au mammouth !
Selon le quotidien Yomiuri Shimbun, des chercheurs japonais se sont donné pour objectif de « produire » un mammouth d’ici à cinq ans et de ressusciter ainsi une espèce disparue depuis des millénaires. Ainsi, disent-ils, nous pourrons étudier grandeur nature – et en chair et en os – le sympathique éléphantidé qu’on ne rencontre plus aujourd’hui qu’entièrement gelé en Sibérie, ce qui ne facilite pas la conversation.
C’est justement en Sibérie que les chercheurs nippons sont allés extraire du tissu cellulaire d’une carcasse de mammouth bien conservée. Ce sont donc des cellules de mammouth qu’ils veulent implanter dans des ovules d’éléphante. Ces ovules ayant été auparavant débarrassés de leur noyau, c’est un embryon 100 % mammouth qu’ils espèrent voir se développer dans l’utérus de l’éléphante porteuse. (Non, on ne lui a pas demandé son avis.)
Au nom de la science, on peut se permettre beaucoup de choses… Mais l’expérience montre que l’industrie et la finance ne sont jamais loin, prêtes, les gredines, à profiter de toute avancée scientifique. Ainsi, si les savants japonais réussissent leur coup, attendez-vous à voir apparaître dans la foulée une quantité de produits dérivés : le manteau en poil de mammouth, dix fois plus chaud et résistant que celui du chameau (peuh !) ; le steak de mammouth, très chic ; son ivoire que des Chinois avisés vendront comme aphrodisiaque à des mous du bulbe. Quant aux cirques, ils agrandiront leurs pistes pour y faire parader ce qui sera alors le plus grand mammifère terrestre, au grand dam de Babar et de ses congénères.
Tout de même, on peut estimer bizarre que l’homme veuille ressusciter un aussi gros bestiau alors que la Terre est déjà surpeuplée, en attendant les milliards d’Ougandais, Pakistanais, Nigérians et autres qui feront définitivement chavirer la nef vers 2050. On en est à abattre des éléphants en masse pour faire place à Homo sapiens et l’on recrée le mammouth ? Pour être logiques, les Japonais devraient aussi ressusciter l’homme d’il y a dix mille ans. Celui qui ne polluait pas, vivait en harmonie avec la nature et avait le bon goût de disparaître avant d’avoir produit une douzaine de rejetons…
