PS : François Hollande ou l’art du rebond
Alors que l’ensemble de la gauche française est supendue à la possible décision de Dominique Strauss-Kahn de concourir à l’élection présidentielle de 2012, l’ancien premier secrétaire du parti socialiste soigne son image, potasse ses dossiers… et remonte dans les sondages. Et si le véritable outsider du PS, c’était lui ?
« En 2007, nous avions des candidats de transgression. En 2012, il nous faudra un candidat normal. Pas banal, mais grave, stable et rassembleur. » Plus empressé à « préparer l’avenir » qu’à commémorer avec ses petits camarades le quinzième anniversaire de la disparition de François Mitterrand, François Hollande se voit en champion idéal de la gauche face à Nicolas Sarkozy. Mais auparavant il sait qu’il doit à tout prix éviter une défaite aux cantonales dans son fief de Corrèze, en mars prochain, qui le dissuaderait de se porter candidat à la primaire socialiste. Dans les sondages, il reste loin derrière Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et même, parfois, Ségolène Royal, mais il progresse.
À Solférino, silence radio
Lente mais régulière, son ascension se confirme. Au PS, où l’ancien premier secrétaire, qui passa son temps à tenter de concilier les points de vue les plus opposés, est, sans surprise, assez unanimement détesté, c’est le silence radio. Le sémillant DSK, du haut de son Olympe, Aubry son successeur, Royal son ex-compagne et les (de moins en moins) jeunes loups du parti ne veulent donner aucun crédit à sa très probable candidature. Hollande n’en poursuit pas moins son bonhomme de chemin. Depuis qu’il a quitté la tête du PS, il se sent plus léger. D’ailleurs, il a perdu 8 kg et procédé à un relookage complet. Fini la bedaine et les pantalons en tire-bouchon, place aux costumes sur mesure et aux lunettes en titane. Il a sacrifié à la curiosité de la presse pipole en s’affichant en quinquagénaire épanoui auprès de sa nouvelle compagne, la journaliste Valérie Trierweiler – mais une seule fois : avec la crise, l’heure n’est plus aux flonflons.
Et après avoir rassuré les Français sur son bien-être, il s’attelle à travailler au leur. D’abord, il s’est affranchi des propositions consensuelles (et donc nébuleuses) du PS en avançant ses propres solutions, qui se veulent plus réalistes, via Répondre à gauche, son club de réflexion. Ensuite, s’inspirant des méthodes chiraquiennes – la filière corrézienne ! –, il sillonne la France. Enfin, il planche sur les questions sociétales et internationales, qu’il maîtrise moins bien que les questions économiques. Sans oublier de mettre l’accent sur son dada, la fiscalité. Celle-ci sera, selon lui, au cœur du combat de 2012 face à un Sarkozy dont il a identifié le thème de campagne (« protéger les Français contre les étrangers et la mondialisation ») et le calcul psychologique (« il a besoin d’un pays inquiet pour justifier la continuité »).
Programme pas très glamour
Pour le Dr Hollande, le diagnostic est clair : dans un climat social tendu et avec une marge de manœuvre budgétaire quasi nulle, seule une réforme fiscale permettra une meilleure allocation des ressources et une redistribution plus juste de la richesse nationale. Pas très glamour, comme programme… Mais son concepteur fait le pari que les Français, las des promesses non tenues, finiront par apprécier son travail de fond : « Je ne suis pas premier dans les sondages, mais la date éloignée des primaires me donne le temps de prospérer et d’espérer. »
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