Trois produits agricoles dans la cour des grands

L’Indication géographique protégée est un précieux sésame pour pénétrer les marchés européens. Trois produits africains, jusqu’ici confidentiels, en profitent déjà le miel d’Oku, le café Ziama-Macenta et le poivre de Penja.

Le miel d’oku, le café Ziama-Macenta et le poivre de Penja sont les tout premiers aliments africains officiellement reconnus. DR

Le miel d’oku, le café Ziama-Macenta et le poivre de Penja sont les tout premiers aliments africains officiellement reconnus. DR

Clarisse

Publié le 14 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

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Agriculture : Sécurité alimentaire, le grand doute

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Le poivre de Penja, parfumé et puissant, très recherché par les plus grands chefs, est produit par quelque 300 agriculteurs sur les reliefs volcaniques du sud du mont Koupé, au Cameroun. Sur les 70 tonnes récoltées chaque année, 16 tonnes seulement sont exportées. Le miel d’Oku, blanc et naturellement crémeux, avec des arômes de fleurs et d’agrumes, provient de la forêt protégée de Kilum-Ijim sur les flancs du mont Oku, au Cameroun également. Sept cents apiculteurs recueillent 20 tonnes seulement de ce miel jusqu’à présent inconnu en France. Le café Ziama-Macenta, un robusta aux caractéristiques proches de celles de l’arabica, est apprécié pour sa saveur acidulée, son intensité aromatique élevée et persistante. Cultivé en plantations agroforestières sur le mont Ziama, dans le sud-est de la Guinée, il n’est pas encore commercialisé en France.

Trois produits rares mais très prisés, dont les horizons s’élargissent avec l’octroi de l’Indication géographique protégée (IGP), un label de qualité jusque-là réservé aux produits européens. Il s’étend aujourd’hui à seize pays africains membres de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) qui, avec l’Agence française de développement (AFD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), participe au Programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC). Une première. Mais d’autres produits africains sont sur les rangs. « Parmi eux, l’échalote du pays dogon, au Mali, l’oignon violet de Galmi, au Niger, et la toile de Korhogo, en Côte d’Ivoire », détaille Cécé Kpohomou, responsable du programme IGP à l’OAPI.

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L’attribution de ces IGP résulte d’une démarche collective, entamée il y a cinq ans. Après le repérage des produits et l’évaluation de leurs qualités, un cahier des charges est dressé, et toute la filière, structurée. Puis le comité national des indications géographiques homologue les produits. Le miel d’Oku a ainsi été homologué en mai 2012, le poivre de Penja en décembre, et le café Ziama-Macenta le sera prochainement. Mais ce n’est que lorsque l’OAPI procédera à l’enregistrement de ces homologations – ce qui est imminent – que les producteurs acquerront le droit d’utilisation de l’IGP.

ENJEUX. Pour Cécé Kpohomou, les retombées sont déjà palpables, en particulier depuis la présentation de ces produits au dernier Salon de l’agriculture à Paris, en février et mars 2013. Surtout pour le poivre de Penja. En réalité, l’engouement pour cette épice est allé grandissant depuis le début de la procédure de labellisation. « Tous les petits producteurs ont saisi les enjeux et adhéré au projet », s’enthousiasme-t-il. Résultat : le prix bord champ (aux planteurs) au kilo a bondi de 2 500 F CFA à 8 000 F CFA (12,20 euros), et les agriculteurs comptent bien améliorer leur production et son taux d’exportation.

Si le label IGP est aujourd’hui si convoité, c’est non seulement parce qu’il participe à la protection d’un patrimoine, mais aussi parce qu’il représente un véritable levier économique et un enjeu important pour la région. La garantie apportée à la qualité du produit permet de le vendre plus cher, sa distribution et son exportation sont améliorées – notamment vers l’Europe -, le bassin de production peut être développé et préservé à la fois, et l’IGP s’accompagne enfin d’assistance technique et de formations. En contrepartie, ce titre prestigieux suppose un effort de la part des producteurs, qui doivent maintenir la qualité tout en garantissant un volume à leurs acheteurs. Avec, à la clé, l’espoir de vendre leurs produits 40 % plus cher.

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