Yadh Ben Achour : « Nous allons abolir toutes les lois scélérates »
Ancien doyen de la faculté des sciences économiques et juridiques de l’université de Tunis, Yadh Ben Achour, 65 ans, a été nommé, le 15 janvier, pour réformer, entre autres, le système électoral.
Tunisie : les secrets d’une révolution
Jeune Afrique : En 1992, vous démissionniez du Conseil constitutionnel pour protester contre un projet de loi que vous jugiez liberticide et anticonstitutionnel. Imaginiez-vous que Ben Ali serait chassé du pouvoir de cette façon ?
Yadh Ben Achour : En 1992, non. Mais je suis un profond démocrate et j’ai toujours prié Dieu pour qu’il me prête vie jusqu’au départ de ce tyran. Ce vœu est exaucé. Je n’ai jamais cessé de prévenir mes collègues juristes qui ont participé au montage des lois bénalistes qu’ils auraient un jour peut-être à répondre de tout cela.
Quelle est la mission de votre Commission ?
Sa mission essentielle consiste à revoir l’ensemble du dispositif juridique élaboré par la dictature. Rien de plus précis n’a été discuté.
Quand commencerez-vous à travailler ?
Il faut attendre le retour définitif au calme et la fin des surenchères. Il faut que la situation générale du pays soit clarifiée. Une commission ne peut travailler sans savoir où elle va, quelle est sa nature, sa composition et ses objectifs précis.
Des partis religieux pourront en faire partie ?
Chaque tendance politique aura forcément le droit d’être représentée. Pour moi, un certain nombre de principes, ceux pour lesquels le peuple s’est soulevé, sont non négociables : la démocratie, l’alternance au pouvoir, le pluralisme et les libertés fondamentales, et l’État de droit. Il faudra discuter des modalités concrètes de fonctionnement de cette commission. Il faut surtout ne pas sombrer dans des débats creux et des querelles de clochers.
Quelles sont vos priorités ?
La révision des grandes lois qui touchent à la vie constitutionnelle, électorale et participative, la protection légale du droit d’association, de la liberté de la presse, etc.
Que voulez-vous changer dans la loi électorale ?
Toutes les dispositions scélérates, en particulier le mécanisme de parrainage des candidatures.
Dans quel délai pourra se tenir le scrutin présidentiel ? La Constitution prévoit un délai de soixante jours après la vacance du pouvoir…
Ce délai est impossible à respecter.
Faut-il changer la Constitution ?
Une partie de l’opinion le demande. On y arrivera peut-être.
Comment combler le vide politique creusé depuis vingt-trois ans ?
Il n’y a plus de vide : la forteresse de la tyrannie est tombée. Ma crainte essentielle est de passer du trop vide au trop plein…
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