Tunisie : MAC SA sur tous les fronts
Très active sur la Place de Tunis, la société d’intermédiation MAC SA cherche à s’étendre au sud du Sahara. Tout en se lançant dans le capital-investissement avec ECP pour partenaire.
Alors que l’économie tunisienne tourne au ralenti, MAC SA fait preuve d’une ardente activité à la Bourse nationale. La société d’intermédiation a piloté la moitié des introductions réalisées depuis le début de l’année, contribuant ainsi à l’animation de ce marché encore peu développé. Dernière opération en date, bouclée le 20 mai : l’émission d’environ 1,25 million d’actions nouvelles de Syphax Airlines, la jeune compagnie aérienne de Mohamed Frikha. L’homme d’affaires tunisien avait déjà introduit en Bourse Telnet, une autre de ses entreprises, en 2011.
Menée conjointement avec Tunisie Valeurs, un autre courtier de la Place, l’augmentation de capital de Syphax Airlines de 25 millions de dinars (11,7 millions d’euros) « a finalement été un succès alors que l’opération était risquée. À cause du contexte et parce que la société est jeune et faiblement capitalisée, j’imaginais qu’elle ne serait pas clôturée », affirme Kais Kriaa, du cabinet d’analyse financière AlphaMena. Interviewé au siège de MAC SA aux Berges du lac (à Tunis), Mourad Ben Chaabane, directeur général de l’entreprise, est moins circonspect : « Certes, l’incertitude ralentit un peu l’appétit des investisseurs, mais toutes les sociétés cotées en Bourse sont en croissance, assure-t-il. La conjoncture est difficile mais je fais le pari que l’on peut augmenter la capitalisation de la Bourse de Tunis de 30 % d’ici à la fin de l’année. »
D’ailleurs, les prochaines semaines s’annoncent chargées pour l’intermédiaire, avec les introductions de la société de crédit Hannibal Lease, de la Société d’articles d’hygiène (SAH, qui commercialise la marque Lilas) et du groupe Délice-Danone. D’un montant de 130 millions de dinars chacune, les deux dernières opérations suscitent l’intérêt des investisseurs étrangers, assure Ben Chaabane. MAC SA est aussi sur les rangs pour l’entrée en Bourse de l’opérateur Tunisiana, mais voudrait s’associer avec deux ou trois autres partenaires. « C’est un ticket à 300 millions de dinars. La société gagne de l’argent, elle n’a pas de dettes, mais je ne vois pas de croissance ; pourtant, je pense qu’on pourra placer le titre sans aucun problème », confie le patron.
Agressivité
Pour l’analyste Kais Kriaa, il n’y a pas de doute, « MAC SA est certainement l’acteur le plus actif sur le marché des émissions ». Et ce dynamisme porte ses fruits. Depuis 1997, « nous avons multiplié notre chiffre d’affaires par trente et le nombre de nos employés par quinze », souligne Mourad Ben Chaabane, tout en refusant de communiquer son chiffre d’affaires actuel. « Ce qui nous caractérise, c’est notre agressivité. Nous attirons beaucoup de fonds du Golfe et de pays en développement », explique le directeur général adjoint, qui possède 35 % du capital aux côtés du groupe koweïtien Kharafi (48 %). Mais ce qui fait la force de MAC SA, créé en 1993 et qui s’est hissé au fil des ans au deuxième rang des sociétés d’intermédiation avec 21 % de part de marché en 2011, c’est d’avoir réussi à diversifier son activité. La société intervient également dans la finance d’entreprises et la gestion d’actifs, avec l’une des premières sicav de la place. Des fonds de placements variés – dont un produit conforme à la charia – et un département d’analyse et de recherche complètent le profil.
Mais ce n’est pas tout. MAC SA poursuit son développement en misant davantage sur les PME tunisiennes. Avec Emerging Capital Partners (ECP, un capital-investisseur panafricain basé aux États-Unis), il vient ainsi de créer Jasmin Fund, qui sera initialement doté de 50 millions d’euros. Ce fonds généraliste – « ce qui est essentiel pour un fonds dédié à ce type d’entrepreneurs », explique ECP – prendra des participations minoritaires, pour 3 à 7 millions d’euros, afin d’accompagner des entreprises disposant d’un fort potentiel de croissance et d’un management de qualité.
D’après Mourad Ben Chaabane, « six projets ont déjà été sélectionnés – cinq dans l’industrie et un dans les services. Nous avons par ailleurs suscité pas mal d’intérêt auprès des investisseurs du Golfe, européens et locaux ». Le premier closing est prévu pour septembre. « Cette initiative nous permet d’être encore plus proche du terrain, du tissu économique et des entrepreneurs », se félicite Nayel-Georges Vidal, directeur du bureau d’ECP à Tunis. Les deux partenaires ont déjà travaillé ensemble. MAC SA avait piloté la prise de participation d’ECP dans SAH – participation qui est sur le point d’être cédée en Bourse.
Lire aussi :
Tunisie : MAC SA s’allie avec ECP pour financer les PME
Belle plus value pour ECP au Maroc
Abidjan
Désormais, l’appétit et l’ambition de l’intermédiaire tunisien dépassent les frontières. « Notre objectif est de devenir une société africaine, martèle Mourad Ben Chaabane. C’est là que je vois l’avenir : la croissance, selon moi, ne peut être trouvée que sur l’ensemble du continent. » Il est en pourparlers avec des partenaires dans plusieurs pays africains pour créer des sociétés d’intermédiation : « Notre département d’études a suffisamment d’expérience pouvant être exportée », assure-t-il. Sa première cible est la Bourse régionale de valeurs mobilières (BRVM) ouest-africaine, basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où MAC SA n’exclut pas de créer une coentreprise avec « un réseau bancaire ou une société indépendante ». Le Maroc et l’Égypte sont aussi dans son viseur. La société tunisienne affirme que des projets pourraient se concrétiser avant la fin de l’année et être opérationnels dès 2014.
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