Lucas Abaga Nchama : « la justice française n’a donné aucune suite significative »

Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac).

Publié le 25 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Où en sont vos investigations sur les milliards de francs CFA détournés depuis le bureau parisien de la Banque centrale ?

Lucas Abaga Nchama : Sur la période 2004-2008, d’autres irrégularités ont été découvertes après exploitation des chèques complémentaires reçus de la Société générale. Les investigations sont terminées, à l’exception des transferts privés des agents et des dépenses liées aux évacuations sanitaires. Les enquêtes seront ensuite étendues à la période 2000-2004. Globalement, à ce jour, le montant des détournements est évalué à 20,3 milliards de F CFA [31 millions d’euros, NDLR].

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Les plaintes déposées par la Beac auprès de la justice aboutissent-elles ?

Les procédures pénales suivent leur cours au Gabon, au Cameroun, en Centrafrique et au Congo, où les autorités judiciaires ont été saisies sur plaintes déposées par la Beac agissant en tant que victime et partie civile. La procédure pénale en cours à Libreville est à l’instruction. Plusieurs personnes impliquées dans les détournements ont été inculpées, dont trois sont en détention préventive. Au Cameroun et en Centrafrique, des plaintes nominatives avec constitution de partie civile ont été déposées, l’information judiciaire est ouverte. Au Congo, les autorités judiciaires ont pris en charge le dossier.

La Beac tient cependant à rappeler qu’à son grand étonnement aucune suite significative n’a été réservée aux procédures engagées à Paris. Au titre des plaintes contre X déposées dès fin 2008, des enquêtes ont été menées par la brigade financière, qui a convoqué et entendu divers protagonistes, dont le délégué du gouverneur de l’époque [Roger Kemadjou]. Le dossier d’enquête, transmis au parquet de Paris en novembre 2009, aurait été transféré à Libreville. La réception du dossier n’a toujours pas été confirmée par la justice gabonaise.

Quoi qu’il en soit, une telle issue laisse sans réponse la question des complicités à Paris, lieu de commission de l’essentiel des faits. La Beac envisage donc de lancer à Paris des plaintes additionnelles, avec mise en cause nominative, contre les personnes morales et physiques ayant bénéficié des chèques sans contrepartie en termes de prestations fournies à la Beac et contre certains professionnels du métier bancaire, notarial, ou autres, pour lesquels des faits punissables sont relevés.

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La Beac a-t-elle engagé des poursuites contre les anciens gouverneurs, MM. Mamalepot et Andzembé ?

Les plaintes déposées ne les mettent pas en cause nominativement mais sont formulées de façon à permettre une telle éventualité, en fonction des éléments probants qui pourraient être réunis par les moyens de procédure pénale. 

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