Le tabou mauritanien
Après deux jours de procès, trois militants anti-esclavagistes ont été condamnés, le 6 janvier, à un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, notamment pour « agression de la police ». Parmi eux, Biram Ould Dah Ould Abeid, figure de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et membre de SOS Esclaves. Trois autres militants ont été condamnés à six mois de prison avec sursis dans le cadre du même procès.
Tous avaient été arrêtés en décembre après s’être rendus, en compagnie d’un commissaire de Nouakchott, dans une maison du quartier d’Arafat où, selon des informateurs, une jeune fille de 14 ans et une fillette de 9 ans travaillaient comme domestiques pour plusieurs femmes. C’est à leur retour au commissariat que la situation aurait dégénéré en affrontements entre policiers et militants. Mais d’après Elid Mohameden, du collectif d’avocats de ces derniers, les forces de l’ordre n’ont pas été agressées.
Dans la foulée, le procès des femmes – au nombre de trois – de la maison d’Arafat s’est ouvert le 11 janvier. L’une est accusée d’« exploitation de mineurs », les deux autres, de négligence et de participation à l’exploitation. Depuis août 2007, une loi criminalise l’esclavage en Mauritanie, pratique ancienne qui a encore cours. L’accusation porte cependant sur l’« exploitation de mineurs », une première plainte pour esclavage, introduite par plusieurs associations, ayant été rejetée. « Il y a une volonté des autorités de nier le phénomène de l’esclavage », dénonce Aminetou Mint el-Moctar, présidente de l’Association des femmes chefs de famille, qui a déposé les deux plaintes. Depuis le vote de la loi, en 2007, aucun procès pour esclavage n’a encore eu lieu.
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