Nasrine et les autres militants iraniens
Une avocate, militante des droits de l’homme, condamnée à onze ans de prison pour « complot contre la sécurité nationale ».
Hossein Derakhshan, blogueur : dix-neuf ans de prison ; Leyla Tavasoli, témoin d’un meurtre commis par des policiers : deux ans ; Emaddedin Baghi, journaliste : un an. Tels sont trois des nombreux Iraniens emprisonnés et condamnés depuis la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, il y a dix-huit mois. À cette liste vient s’ajouter aujourd’hui Nasrine Sotoudeh, avocate, condamnée le 8 janvier à onze années de prison et à une interdiction d’exercer sa profession et de quitter le territoire iranien pendant vingt ans.
Exerçant au barreau de Téhéran, Me Sotoudeh, qui a interjeté appel, est accusée de « complot contre la sécurité nationale », « propagande contre le régime » et « appartenance au Centre pour les défenseurs des droits de l’homme », une organisation membre de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme et fermée à la fin de 2008. Aux charges « politiques » s’est ajoutée une accusation « islamique » : non-port du hidjab lors d’une interview donnée à la presse italienne il y a trois ans.
Mais en réalité, l’avocate a été punie par le pouvoir pour avoir défendu de nombreux manifestants qui ont participé au mouvement de contestation de l’après-présidentielle, et rapporté dans les détails à l’International Campaign for Human Rights in Iran la situation des défenseurs des droits de l’homme dans son pays.
Nasrine Sotoudeh, 45 ans, mère de deux enfants, a été arrêtée en septembre 2010 et a depuis mené plusieurs grèves de la faim. Détenue en isolement, elle n’a pas été autorisée à assister aux funérailles de son père. « On a l’impression que le sort de Mme Sotoudeh doit servir de leçon à ceux qui résistent », estime Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003, fondatrice du Centre pour les défenseurs des droits de l’homme et dont Nasrine fut l’avocate. Depuis l’élection de 2009, environ cinq cents personnes ont été arrêtées pour des raisons politiques. Si Mohammad Oliyaefard, avocat, a été condamné à un an de prison, d’autres, comme le journaliste Issa Saharkhiz, sont toujours détenus sans chef d’accusation.
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