Donald Kaberuka : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts »
Pour la première édition de leur nouveau rendez-vous mensuel, le Grand invité de l’économie, Jeune Afrique et RFI ont interrogé le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka.
À l’issue des Assemblées de Marrakech, Donald Kaberuka commente l’actualité économique du continent. Et donne sa vision des débats du moment : du retour de la BAD à Abidjan au manque de leadership en Afrique, en passant par la présence chinoise.
Extraits.
L’avenir du siège de Tunis
« Le siège officiel de la Banque africaine de développement se trouve à Abidjan, et il était tout à fait normal que, aussitôt les conditions réunies, nous envisagions d’y retourner. La Tunisie, ou Tunis, reste et restera l’Agence temporaire de relocalisation [l’appellation officielle du siège de Tunis, NDLR]. Nous devons aussi y installer un Centre régional d’opérations pour l’Afrique du Nord [comme il en existe déjà à Nairobi et à Pretoria]. Logiquement, Tunis devrait rester un centre important pour la Banque. »
Le retour à Abidjan
« La décision définitive du retour a été prise à Marrakech. […] Nos premières équipes devraient partir pour Abidjan d’ici à la fin de l’année. Suivront, au cours du premier semestre 2014, le conseil d’administration et la présidence, dont moi-même. Cette opération pourrait se poursuivre jusqu’en 2015. »
Le conflit immobilier avec Georges Ouegnin, un facteur de blocage ?
« Je ne veux pas me prononcer sur un contentieux en cours [il porte sur des arriérés de loyers et des travaux réalisés dans un bien que l’ancien directeur du protocole du président Houphouët-Boigny louait à la BAD]. Mais je pense que tout concourt à ce que notre retour à Abidjan se fasse sans entraves judiciaires ou physiques. »
Donald Kaberuka, président de la BAD, au micro… par rfi
Une croissance sans recul de la pauvreté
« Le recul de la pauvreté sur le continent n’est pas proportionnel à l’essor de nos taux de croissance. Il fut un temps où les journalistes parlaient d’une “Afrique perdue”. Cette époque me semble révolue, mais nous sommes encore confrontés à d’énormes problèmes : États fragiles, démographie galopante… Ce n’est pas de 6 % de croissance dont nous avons besoin, mais de 7 % pendant deux décennies pour voir la pauvreté vraiment régresser. »
Le manque de leadership en Afrique
« Je ne soutiens pas l’idée selon laquelle l’Afrique souffrirait d’un manque de leadership. Ce manque existe partout. Se focaliser sur le continent n’aboutit qu’à complexer les Africains. Ce problème se pose dans certains de nos pays comme dans certains pays européens, asiatiques ou au sein de la gouvernance mondiale. »
Colonialiste, la Chine ?
« Les États n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Il appartient à l’Afrique de défendre les siens. »
Propos recueillis à Marrakech par Frédéric Maury (Jeune Afrique) et Frédéric Garat (RFI).
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