Ange-Félix Patassé : « Je vais aux élections pour gagner »
L’ancien chef de l’État Ange-Félix Patassé se dit prêt à aller aux urnes, mais s’inquiète des conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin.
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
Jeune Afrique : La veille de Noël, vous avez accusé le président Bozizé de préparer le trucage de la présidentielle. Maintenez-vous vos propos ?
Ange-Félix Patassé : Oui, je les maintiens car les informations sont alarmantes. Les conditions pour une élection crédible ne sont pas réunies. Il faut que nous puissions nous retrouver pour faire le point ensemble, le président et nous, les autres candidats. C’est impératif pour sauver la paix. La racine du mal, c’est la Commission électorale indépendante [CEI]. Il faut la remplacer. Depuis deux mois et demi, je demande à rencontrer François Bozizé. Il fait la sourde oreille. Ce n’est pas bon.
Dans une déclaration, les autres candidats de l’opposition envisagent de boycotter le scrutin si le président de la CEI n’est pas remplacé. Vous ont-ils invité à les rejoindre ?
Oui, mais je ne suis pas dans l’opposition. Je suis un indépendant. Et je suis là pour réconcilier tout le monde. Quant aux élections, si c’est demain, je suis prêt.
Selon François Bozizé, votre régime était une démocratie de bagarres permanentes avec des mutineries à la chaîne…
[Rires]. Mais ce sont des mutineries dont il est lui-même l’auteur ! C’est lui qui s’accuse. Dans ma longue carrière politique, je n’ai jamais pris les armes, moi. C’est ça, ma force.
Exprimez-vous des regrets auprès des femmes centrafricaines qui ont été violées par les combattants de Jean-Pierre Bemba que vous avez fait venir à Bangui en 2002 ?
Pour le moment, je m’occupe des élections. Ensuite, je proposerai la création d’une Commission Vérité et Réconciliation, comme en Afrique du Sud.
Qu’est-ce qui vous fait croire que les gens qui ont voté Ziguélé en 2005 vont voter Patassé en 2011 ?
Beaucoup de gens quittent le MLPC [Mouvement de libération du peuple centrafricain, aujourd’hui dirigé par Martin Ziguélé, NDLR] parce qu’on leur a menti. On leur a dit que j’étais aveugle, infirme et que je ne reviendrais plus. Mais je suis en pleine forme. Si vous pouviez voir comment je danse, vous seriez surpris. J’ai 18 ans ! Et je suis le petit frère de Jésus.
Pourquoi cette référence mystique ?
Mais c’est ce que le Seigneur m’a dit. Pourquoi voulez-vous que je mente ! Je suis pasteur.
En pratique, votre candidature affaiblit celle de Martin Ziguélé. N’y a-t-il pas un pacte entre François Bozizé et vous ?
Mais si j’avais passé un contrat avec lui, je me serais aligné sur lui. Je ne suis pas un faux. Je suis un homme de parole ! Mes rencontres avec François Bozizé, c’était pour aider à régler les problèmes de paix.
Beaucoup voient cette élection comme un tiercé entre François Bozizé, Martin Ziguélé et vous-même. Dans quel ordre voyez-vous ce tiercé ?
Je ne suis pas turfiste. Premier tour ou deuxième tour, je vais aux élections pour gagner.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Bénin-Niger : dans les coulisses de la médiation de la dernière chance
- Au Togo, le business des « démarcheurs », ces arnaqueurs qui monnaient la justice
- Qui entoure Mele Kyari, président de la NNPC, l’État dans l’État au Nigeria ?
- Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, sur les terres de Simone à Bonoua
- Alafé Wakili : « Aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État »