L’Afrique du Sud a mauvaise mine
Sur un an, la croissance sud-africaine n’a été que de 0,9% selon les chiffres officiels publiés le 28 mai. Un résultat bien décevant lié aux perspectives difficiles du secteur minier, crucial pour le pays.
Quand le secteur minier sud-africain patine, c’est toute l’économie de la Nation arc-en-ciel qui est grippée. Attendue à 2,4% pour 2013, la croissance du pays présidé par Jacob Zuma n’a atteint que 0,9% sur un an à fin mars, selon les statistiques officielles publiées le 28 mai dernier. Une décélération décevante alors que le PIB avait augmenté de 2,5% en 2012 et 3,5% en 2011, faisant rentrer le pays dans le club des pays émergents, renommé BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Signe de l’affaiblissement de la vigueur économique sud-africaine, le 28 mai, le billet vert de un dollar est passé pour la première fois en 4 ans sous la barre des 10 rands.
Derrière ces mauvais chiffres, la situation préoccupante des mines, qui représentent directement 19% du PIB (en incluant les activités annexes) et surtout plus d’un million d’emplois, dans un pays où le taux de chômage reste dramatiquement élevé, autour de 40% selon certains analystes non officiels.
Licenciements
Dans la filière platine, touchée par la mauvaise santé du secteur automobile, son principal client, les licenciements se succèdent : le principal producteur du pays American platinum (Amplats, filiale d’Anglo-American) a annoncé son intention de licencier 14 000 salariés, même si ce chiffre devrait finalement être réduit à moins de 6000, après plusieurs rencontres entre son président John Parker avec l’Etat et les syndicats. Face au risque de perte d’emplois, les grèves ont d’ailleurs repris dans plusieurs mines de platine du nord du pays depuis début mai. La filière aurifère, qui emploie 160 000 personnes à elle seule, souffre quant à elle de la baisse des cours : le prix de l’once d’or a baissé de 12,6% en 3 mois. La grogne sociale gronde là aussi : 17.000 mineurs d’or retraités, atteint de silicose, ont déposé fin décembre 2012 une plainte collective contre leurs ex-employeurs. Les sociétés minières aurifères redoutent désormais de devoir verser des indemnités gigantesques qui mettraient en péril leur activité même dans le pays. Enfin, les mines de charbon sont quant à elles pénalisées par les difficultés logistiques et énergétiques du pays.
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Risque social
Désormais, les investisseurs boudent l’Afrique du sud. Et c’est moins pour des considérations de marché (qui restent bonnes à long terme) que de perception du risque social et politique qu’ils lui préfèrent désormais d’autres zones : l’Afrique de l’Ouest pour l’or, ou la Russie pour le platine. Les tensions sociales qui ont émaillé l’année 2012, et en particulier a grève impromptue à la mine de Marikana, réprimée dans le sang (avec plus de 50 morts), ont marqué durablement les esprits des investisseurs.
Pour inverser la tendance, le président Jacob Zuma et sa ministre des mines Susan Shabangu montent au créneau ces derniers jours pour appeler syndicats et patronat à s’entendre. Le 29 mai, le président sud-africain a insisté pour que « les négociations soient équitables et rapides ». Susan Shabangu a parlé quant à elle d’une « crise de perception » du fait des investisseurs, et a annoncé un « plan de secours » pour les filières de platine et d’or piloté par son ministère, avec une attention particulière pour la sauvegarde de l’emploi. Elle a également appelé les groupes miniers de son pays à « travailler avec son département à renforcer les liens avec les sociétés minières russes, intéressées par le sous-sol sud-africain », partenaire jugée intéressant par la ministre, qui revenait d’un déplacement à Moscou. Il y a urgence, si l’attractivité minière de l’Afrique du Sud ne s’améliore pas, les chiffres de sa croissance pourraient à nouveau pâlir. Faute des investissements cruciaux pour étendre les mines existantes et explorer de nouvelles zones ne seront pas faites, l’avenir du secteur sera menacé.
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