Jacques Vergès – Roland Dumas : l’équipée sauvage

« Pitoyable, pathétique… » Aucune épithète n’a manqué pour décrire l’équipée abidjanaise de Roland Dumas et Jacques Vergès (du 30 décembre au 3 janvier). Les chaînes de télévision françaises et ivoiriennes ont relayé les images de l’accolade chaleureuse entre Laurent Gbagbo et ses invités – 173 ans à eux deux, démarche mal assurée, mais verbe acéré et sacrée capacité à nager à contre-courant.

Leur visite a été montée, depuis Abidjan, par l’homme d’affaires Thierry Légré, l’ancien ministre Gnamien Yao, et l’avocat Rodrigue Dadjé. À Paris, l’avocat Marcel Ceccaldi, un ex-membre du Front national, a joué un rôle.

S’ils n’ont donné aucune suite à nos sollicitations, les compères, « preuves des fraudes dans le Nord » sous le bras, promettent de les mettre bientôt à la disposition de tous. Entre les deux VRP – bénévoles, selon leurs dires – tout est réglé comme du papier à musique. À Roland Dumas (ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, ancien président du Conseil constitutionnel) de promouvoir le recomptage des voix ; à Jacques Vergès, avocat à la clientèle hétéroclite (du nazi Klaus Barbie à l’ancien président gabonais Omar Bongo Ondimba), de pourfendre le colonialisme.

Ce n’est pas la première fois qu’ils opèrent en Côte d’Ivoire. À la suite des événements de 2004 visant la communauté française, Roland Dumas avait tenté de rabibocher le camarade Laurent et Jacques Chirac, sans grand succès. Quant à Jacques Vergès, contacté par Gbagbo lui-même, il a publié en 2005 Halte aux massacres en Côte d’Ivoire, un ouvrage sur les crimes imputés aux ex-rebelles. Détail piquant : l’avocat avait défendu Alassane Ouattara dans les années 1990, lorsque Abidjan lui déniait la nationalité ivoirienne.