Un sursis pour Gilani

Hommage à Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab, assassiné le 4 janvier 2011. © Faisal Mahmood/Reuters

Hommage à Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab, assassiné le 4 janvier 2011. © Faisal Mahmood/Reuters

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Publié le 24 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Le garde du corps était censé le protéger. Il a dirigé son arme vers lui et l’a criblé de balles. Vingt-neuf, au total. C’était à Islamabad, le 4 janvier. Salman Taseer, 66 ans, gouverneur de la province du Pendjab, était l’un des principaux leaders du Parti du peuple pakistanais (PPP) du président Asif Ali Zardari et du Premier ministre Yusuf Raza Gilani. Cet homme courageux a payé de sa vie ses positions libérales et son opposition à la « loi sur le blasphème », instituée en 1986 pour brimer les non-musulmans (3 % de la population), en particulier les chrétiens. Il venait de rencontrer Asia Bibi, une mère de famille de 45 ans condamnée à mort pour « blasphème » à l’égard du Prophète, et avait demandé sa grâce au président Zardari.

Craignant de s’attirer encore un peu plus la vindicte des partis islamistes, ce dernier n’ose transmettre au Parlement cette disposition d’un autre âge afin qu’elle soit amendée. Il n’ose d’ailleurs pas faire grand-chose. D’un côté, les États-Unis font pression pour qu’il accentue la lutte contre les talibans ; de l’autre, la population, déjà très antiaméricaine, se radicalise. Plus de 2 000 internautes ont même félicité l’assassin de Taseer sur Facebook, avant que la page soit retirée du site. La calamiteuse gestion des inondations de juillet-août derniers (1 800 morts, 10 millions de sans-abris), la corruption et une inflation galopante fragilisent chaque jour un peu plus le régime.

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La mort de Taseer porte au PPP son coup le plus rude depuis l’assassinat, il y a trois ans, de Benazir Bhutto, l’ex-Première ministre et épouse de Zardari. Mais elle a sans doute contribué à dénouer une crise politique aiguë. Depuis le 3 janvier, le gouvernement n’avait plus la majorité au Parlement, deux partis, le religieux Jamiat Ulema-e-Islam de Fazl ur-Rehman (JUI-F) et, surtout, le laïc Mouvement Quami Muttahida (MQM), ayant quitté la coalition. Le premier pour une affaire de corruption éclaboussant l’un de ses ministres, le second pour marquer son désaccord à l’égard de la politique économique.

Mais, devant la gravité de la situation, Nawaz Sharif – le chef de la Ligue musulmane, la principale formation de l’opposition – a écarté l’hypothèse d’une motion de censure qui « nuirait aux intérêts du pays ». Pour la même raison, le MQM s’est ravisé et a finalement accepté de réintégrer le gouvernement. En échange, il a obtenu du Premier ministre qu’il annule sa décision – très impopulaire – d’augmenter le prix du carburant.

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