Un thriller made in Kinshasa

Du suspense, de la violence, du sexe… Tous les ingrédients du genre sont réunis dans « Viva Riva ! » Un film de Djo Munga sélectionné au Festival de Berlin.

Publié le 18 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

Viva Riva ! est un film explosif. Du rythme, du suspense, de la violence et du sexe, tous les ingrédients d’un thriller à l’américaine… en lingala. Avec son premier long-métrage, Djo Munga a réussi un film de genre, qui respecte tous les codes, mais aussi un portrait de Kinshasa, une peinture sociale qui brise nombre de tabous.

S’il y avait encore des salles de cinéma en République démocratique du Congo, l’entrée serait interdite au moins de 18 ans, et si Viva Riva ! devait passer à la télévision congolaise, ce serait accompagné d’une mise en garde et pas avant 22 heures. Pour le moment, le film n’a eu qu’une diffusion confidentielle, deux séances au centre culturel français de Kinshasa, les 8 et 10 décembre, avant une présentation au Festival de Berlin en février, et une sortie en salle d’ici à six ou huit mois.

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Riva, un jeune Congolais, revient au pays après quelques années en Angola. Il n’a qu’un bagage, un chargement de carburant dérobé qui vaut une fortune. Mais l’argent va brûler Riva. Sapé comme un prince, il écume les boîtes de nuit de la capitale et croise Nora, envoûtante femme aux cheveux rouges, compagne d’un marlou en costume cintré. Pendant qu’il séduit l’énigmatique beauté, Riva oublie de se méfier des Angolais, bien décidés à retrouver le camion volé.

Pendant une heure trente, le rythme ne faiblit pas. On se défie, on se cherche, on se tire dessus, on se torture mais, surtout, on fait l’amour. Djo Munga filme le sexe avec passion et volupté, comme jamais le cinéma africain ne l’a montré. Et il ose tout, même une scène torride entre deux femmes, une « commandante » de la police et sa compagne. « L’Afrique est violente et ce film est un miroir de notre société. Il y a le sexe, la violence physique, morale, mais aussi la violence familiale. Le cinéma permet d’aborder les problèmes sociaux, mais aussi de garder une distance », explique Djo Munga. « Viva Riva ! est une fiction, un film noir qui doit aussi nous faire réfléchir sur ce que nous sommes. Je veux que le public puisse à la fois s’y reconnaître et se divertir », poursuit-il.

Le réalisateur, qui en juin dernier avait rencontré à Cannes Sandrine Bonnaire, a offert à ses acteurs, un peu avant Noël, une master class avec l’actrice française. « Elle m’avait promis qu’elle viendrait au Congo, je n’y croyais pas. Même une semaine avant, je doutais encore », confie Djo Munga. « Ces acteurs sont excellents, très sincères. Ils ont cette spontanéité que nous avons perdue et que nous essayons, sans cesse, de retrouver », avoue Sandrine Bonnaire, après un échange de deux heures avec les acteurs de Viva Riva !

« Quand j’ai vu le film une fois monté, je me reconnaissais sur l’écran, mais ce personnage n’était pas moi. Et puis j’ai vu mon nom au générique et là je me suis dit : “C’est incroyable, je rêve” », raconte Alex Herabo. Une réflexion qui laisse Sandrine Bonnaire songeuse : « En Europe, nous faisons du cinéma pour donner du rêve, ici, ce sont les acteurs qui rêvent en faisant du cinéma. »

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