Succès d’estime pour les griffes africaines
Aucun grand défilé dans le monde n’a lieu sans la participation de créateurs africains. Collé Sow Ardo, Claire Kane et Oumou Sy au Sénégal, Alphadi au Niger, Pépita D au Bénin, Thulare Monareng en Afrique du Sud…
Leurs créations sont acclamées à Paris, New York ou Tokyo. « Mon souhait serait d’avoir au moins un show-room hors du Sénégal, mais comme je ne produis pas en grande quantité, j’ai du mal à trouver des partenaires pour représenter ma marque », explique Collé Sow Ardo. Car si l’on reconnaît partout le professionnalisme et l’originalité de ces créateurs, ils peinent à se faire une place, surtout à l’international.
Premier obstacle : les étoffes. Le coton africain, transformé en Asie, revient au double de sa valeur. « Ces tissus, on les retravaille avant d’en faire des vêtements, explique le styliste ivoiro-burkinabè Pathé’O. Et évidemment, il y a des prix sous lesquels on ne peut descendre si on ne veut pas fonctionner à perte. » À cela s’ajoutent la concurrence des tailleurs de quartier – qui reproduisent avec un succès discutable les tenues des couturiers – et celle des grandes marques occidentales, qui bénéficient sur le continent d’une cote que rien n’entame. « Une Africaine est prête à mettre 1 million de F CFA [1 500 euros] dans une robe Dior, mais réfléchira à deux fois avant de débourser le même montant pour une robe de Gilles Touré [un jeune créateur ivoirien, NDLR] », raconte Sylvie Konan, propriétaire d’une boutique dans le quartier huppé des Deux-Plateaux, à Abidjan. En attendant, Pathé’O se retrouve dans la garde-robe de Nelson Mandela ou d’Alpha Oumar Konaré. Collé Sow Ardo habille Abdoulaye Wade et Claire Kane pare Youssou N’Dour et Angélique Kidjo.
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