Loukachenko et les « vandales »

Soupçons de fraudes massives, candidats arrêtés, opposants copieusement rossés… Le quatrième mandat d’Alexandre Loukachenko commence mal.

Publié le 5 janvier 2011 Lecture : 1 minute.

Allongé sur une civière de fortune et plongé dans le coma à la suite d’un traumatisme crânien, Vladimir Nekliaev est transporté à l’hôpital. Le candidat à la présidentielle biélorusse a été agressé, le 19 décembre, alors qu’il tentait de rejoindre la manifestation de protestation qui a suivi la réélection d’Alexandre Loukachenko à la tête du pays, avec 79,67 % des voix. Revenu à lui, Nekliaev a été arrêté avec six autres candidats d’opposition. « Tu es coupable, tu réponds de tes actes », a lancé Loukachenko lors d’une conférence de presse.

Des visages ensanglantés, des manifestants rossés à coups de matraque, des dizaines d’autres jetés dans des camions de police… Les forces antiémeutes n’ont pas fait dans la dentelle. Les manifestants protestaient contre les fraudes massives orchestrées, selon eux, par le gouvernement. Sur la place de l’Indépendance, là où, en 1991, la Biélorussie est devenue autonome, entre 30 000 et 40 000 militants en colère ont dénoncé la « fausse victoire » de Loukachenko. Bilan : environ 600 manifestants interpellés et condamnés, dès le lendemain, à des peines allant de cinq à quinze jours de prison.

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Malgré un taux de participation rêvé (90 %) et un nombre de candidats sans précédent, les électeurs avaient peu d’illusions quant à l’issue du scrutin. Et l’opposition pas davantage. Longtemps surnommé le « dernier dictateur d’Europe », Alexandre Loukachenko s’offre un quatrième mandat de quatre ans. En 2004, il avait aboli la limite de deux mandats prévue par la Constitution. « Il n’y aura pas de révolution », a-t-il déclaré au lendemain de sa réélection, comparant les manifestants à des « vandales ».

Tony Lloyd, le chef de la mission des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), estime pour sa part que « cette élection n’est pas parvenue à donner à la Biélorussie le nouveau départ dont elle a tant besoin ». L’Union européenne a exigé la libération immédiate des opposants arrêtés.

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