Cachez-moi cette esclave…
Après une semaine de garde à vue, six militants des droits de l’homme ont été placés sous mandat de dépôt, le 19 décembre, à la prison centrale de Nouakchott.
Parmi eux, Biram Dah Ould Abeid, figure de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et membre de SOS Esclaves.
Alertés sur le cas d’une jeune fille de 14 ans et d’une fillette de 9 ans employées comme domestiques dans une maison d’Arafat, un quartier de Nouakchott, Biram et plusieurs militants de son ONG ont averti le commissariat local, le 13 décembre. Accompagnés du commissaire, ils se sont rendus dans la foulée dans ladite maison. De retour au commissariat avec la jeune fille et la fillette, ils n’ont pas été autorisés à assister à leur interrogatoire par la police, comme ils le souhaitaient. La situation aurait ensuite dégénéré. Les versions divergent. Selon leur entourage, plusieurs militants auraient été passés à tabac. D’après son conseiller, Malik Fall, Biram a été blessé à la tête et au genou. Les militants sont cependant accusés d’avoir attaqué les forces de l’ordre.
En Mauritanie, l’esclavage a été criminalisé par une loi en 2007. Il est néanmoins toujours pratiqué, et « aucune sanction n’a jamais été prise », selon Aminetou Mint Moctar, présidente de l’Association des femmes chefs de famille. « Quand elles sont soumises au juge, les affaires sont classées sans suite, explique-t-elle. L’esprit de la loi est gelé, car l’esclavage fait encore partie des choses dont il ne faut pas parler. »
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