Primaire : fini la récré !

Alertés par le corps enseignant, les pouvoirs publics ont pris la mesure de la dégradation du niveau scolaire. Mais les solutions envisagées sont bien timides…

Publié le 31 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

L’école gratuite et obligatoire est l’une des bases fondatrices de la Tunisie moderne. Avec un taux de scolarisation de 95 %, le pays est le champion du Maghreb en matière d’alphabétisation. Cette année, on recense 2 millions d’élèves dans le primaire et le secondaire, dont 71 324 dans le secteur privé. Se référant aux excellents taux de réussite, Imène Jlassi, institutrice à Béja, dans le nord du pays, souligne que « la quantité ne va pas de pair avec la qualité ». Une affirmation étayée par les conclusions du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), qui a analysé, en 2009, la situation de l’enseignement dans 65 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette évaluation, qui classe la Tunisie en 56e position, a été effectuée à partir de la compréhension de l’écrit et de la performance des élèves en mathématiques et en sciences.

Ce résultat reflète une dégradation du niveau scolaire, un sujet que les députés ont abordé lors des discussions sur le budget de l’État. Selon eux, elle est due au fait qu’« il n’y a aucun examen national obligatoire avant le baccalauréat qui sanctionne le niveau des élèves ». Ils rejoignent ainsi l’avis de 50 000 instituteurs consultés lors d’une enquête nationale qui conclut qu’il « est impératif de faire valoir la compétence lors des passages de classe, car le passage automatique tire vers le bas le niveau général ».

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La nécessité de contrôler l’assimilation des connaissances avait conduit le ministère de l’Éducation nationale à revenir à la note moyenne comme critère du passage de classe dans le primaire. Entrée en application à la rentrée 2010-2011, cette disposition ne concerne cependant que les classes de première et deuxième années. Elle ne sera généralisée à l’ensemble du primaire qu’au bout de cinq ans. Cette lente mise en place inquiète les enseignants, car il faudra une quinzaine d’années pour en mesurer la portée, alors qu’il y a non seulement urgence à relever le niveau général, celui de l’école primaire en amont, mais aussi à renforcer la formation dans les filières scientifiques et techniques en aval.

« Si le niveau scolaire n’a cessé de baisser, c’est aussi dû au niveau des enseignants, qui sont souvent issus de ce système. Les meilleurs sont dans les bonnes écoles privées », affirme une parente d’élève pour qui « l’encadrement des élèves dans les écoles privées est nettement meilleur que dans les établissements étatiques. Les cours d’anglais et d’informatique sont généralisés à toutes les classes. Il n’y a pas plus de vingt élèves par classe ». Cette réalité a conduit à la création des Instituts des métiers de l’éducation et de la formation (Imef), dont l’objectif est d’améliorer le niveau pédagogique et l’approche des nouvelles technologies des enseignants frais émoulus.

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