Droukdel en ligne de mire
Préparée dans le plus grand secret, une vaste opération militaire se déroule en Kabylie depuis le 9 décembre.
Dirigée par le général-major Habib Chentouf, elle mobilise plus de 4 000 hommes, dont des troupes d’élite, ainsi que des moyens aériens de surveillance et de combat. Chef de la Ire région militaire (Centre), Chentouf est l’un des plus jeunes généraux de l’armée algérienne – il s’est illustré dans la lutte antiterroriste, dans la région de Bouira. L’offensive, qui a lieu dans la forêt de Sidi Ali Bounab, un maquis accidenté entre les wilayas de Boumerdès, Tizi-Ouzou et Bouira, a nécessité le brouillage des réseaux téléphoniques cellulaires afin d’empêcher les terroristes d’actionner leurs bombes à distance.
Elle a été déclenchée après que des informations ont fait état d’une réunion imminente des principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont l’émir national, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, envisagerait de revoir l’organigramme et la stratégie.
Quinze jours après le début de l’opération, aucun bilan n’est disponible. Certains assurent que Droukdel figure parmi la trentaine de terroristes abattus. D’autres, qu’ils ont vu Ali Benhadj, un ancien du Front islamique du salut (FIS) faire le tour des morgues de Tizi-Ouzou à la recherche du cadavre de son fils, qui a rejoint les maquis en 2007. Interpellé, le 22 décembre, au Conseil de la nation (Sénat), Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, a indiqué que « l’opération est en cours et que ses résultats seront communiqués en temps opportun par les services compétents ».
Les populations locales confirment la violence des accrochages et l’intensité des bombardements, mais assurent qu’elles parviennent à vaquer à leurs occupations. « Nous sommes en pleine cueillette, raconte un exploitant d’oliveraies. Le bruit des hélicos, les explosions d’obus, on peut s’y faire, mais jamais je n’aurais cru que quinze jours sans téléphone portable seraient aussi éprouvants pour les nerfs. »
L’opération, qui se poursuivait à l’heure où nous mettions sous presse, n’est pas une première. En 2001, l’opération Seif el-Hadjadj (du nom d’un grand chef militaire abbasside) avait mobilisé plus de 12 000 hommes dans une vingtaine de wilayas, de Relizane, dans l’ouest du pays, à Tébessa, proche de la frontière tunisienne. Et en avril 2007, l’opération En-Nasr (« la victoire ») avait déjà ciblé, en Kabylie, le QG de Droukdel. Le chef salafiste était passé entre les mailles du filet. Pourra-t-il rééditer cet exploit ?
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