Le casse-tête Camara

Reclus à Ouagadougou depuis son retour du Maroc, où il avait été soigné de ses blessures à la tête, Moussa Dadis Camara connaît le goût amer de l’exil et de la solitude. Mais le nouveau président guinéen Alpha Condé ne serait pas opposé à son retour.

Moussa Dadis Camara à Ouagadougou, le 17 janvier. © AFP

Moussa Dadis Camara à Ouagadougou, le 17 janvier. © AFP

Publié le 6 janvier 2011 Lecture : 2 minutes.

La transition guinéenne s’est achevée, le 21 décembre, avec la prestation de serment du président élu, Alpha Condé, en présence de treize chefs d’État du continent. L’heure est à la liquidation du passif de ces longs et douloureux mois de gestation démocratique. Dans son discours d’adieu, le général Sékouba Konaté, qui a conduit le pays au scrutin présidentiel, a rendu hommage à l’absent le plus… présent de la cérémonie : le capitaine Moussa Dadis Camara, dont il assurait l’intérim depuis que ce dernier avait échappé à une tentative d’assassinat, le 3 décembre 2009.

Reclus à Ouagadougou depuis son retour du Maroc, où il avait été soigné de ses blessures à la tête, Dadis connaît le goût amer de l’exil et de la solitude. Abandonné de tous, y compris de ceux qui lui étaient les plus proches, honni depuis le massacre du 28 septembre 2009, qui vit des éléments de sa garde ouvrir le feu sur des militants de l’opposition, contraint de rester éloigné de son pays jusqu’à la fin du processus électoral, celui qui s’était emparé du pouvoir le 23 décembre 2008, vingt-quatre heures après le décès du président Lansana Conté, s’interroge aujourd’hui sur son sort. Son dossier est l’un de ceux sur lesquels les nouvelles autorités devront statuer.

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Car, depuis qu’il a recouvré la santé, Dadis ne cesse de solliciter l’aide de Blaise Compaoré, son hôte, pour regagner la Guinée. Tout comme ses pairs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui l’ont désigné comme médiateur dans la crise guinéenne, le président burkinabè est jusqu’ici resté sourd aux prières de l’ex-chef de la junte, excluant son retour avant l’élection et l’intronisation d’un nouveau président. C’est désormais chose faite.

Sous la menace de la CPI

Selon une source proche de son entourage, Alpha Condé ne serait pas opposé au retour de Dadis. Il demande toutefois du temps pour pouvoir l’organiser. D’autant qu’il envisagerait de lui accorder le statut et le traitement dus à un ancien chef de l’État. Pareille générosité n’a rien de fortuit. Elle est le fruit d’un arrangement conclu, avant le second tour de l’élection présidentielle, avec Papa Koly Kourouma, le propre neveu de Dadis, arrivé en cinquième position au premier tour avec 5,74 % des suffrages. Leader charismatique en Guinée forestière, qu’il a incitée à voter massivement pour Alpha Condé, Kourouma avait, avant de rallier ce dernier, posé entre autres conditions l’amélioration du sort de son oncle.

Si Condé a fait des concessions, il s’est refusé à promettre une quelconque immunité à Dadis concernant les événements du 28 septembre. Le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas, la Cour pénale internationale (CPI) ayant ouvert une instruction sur ce drame. Manifestement soucieuse de ne pas perturber le processus électoral en déclenchant des poursuites contre certains cadres de l’armée restés au pays, la CPI, qui s’en était abstenue jusque-là, a aujourd’hui tout le loisir d’agir.

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Moussa Dadis Camara, qui a retrouvé tous ses esprits et sa forme physique, en veut à Sékouba Konaté de n’avoir rien fait, tout au long de la transition, pour négocier son immunité. S’il a grossi et repris du poil de la bête, le locataire de la Villa des hôtes, à Ouaga 2000, est inquiet pour son avenir judiciaire.

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