Adieu, Richard Holbrooke
Du Vietnam aux Balkans et à l’Afghanistan, il a été de toutes les aventures de la diplomatie américaine depuis cinquante ans. Il est mort le 13 décembre.
« Il faut arrêter cette guerre en Afghanistan. » Les derniers mots de Richard Holbrooke, décédé le 13 décembre à Washington d’une crise cardiaque (il avait 69 ans), ont été pour son ultime mission. Depuis 2009, il était le représentant spécial du président des États-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan. Sa disparition est donc un coup dur pour Barack Obama. « C’était tout simplement l’un des géants de la politique étrangère de notre pays », a réagi celui-ci.
Géant, Richard Holbrooke l’était aussi bien par sa taille – imposante – que par son influence. Pour un diplomate, son style était singulièrement direct, voire abrupt. « Dick le bulldozer » n’était pas un tendre. « C’est l’enfoiré le plus égocentrique que je connaisse, mais il est le meilleur choix pour ce job », aurait déclaré le vice-président Joe Biden, après la nomination de Holbrooke en « AfPak ». Bien sûr, il ne comptait pas que des amis, notamment à Islamabad et à Kaboul. Partisan d’un renforcement de l’aide américaine à l’Afghanistan, il entretenait des relations notoirement compliquées avec le président Hamid Karzaï. Mais ce dernier a quand même tenu à lui rendre hommage, déplorant une « énorme perte pour le peuple américain ».
Originaire de New York, où il est né en 1941 dans une famille d’origine juive allemande, Holbrooke rejoint le département d’État américain en 1962. L’année suivante, il est envoyé à Saigon, en pleine guerre du Vietnam. En 1968-1969, il participe aux négociations de paix avec les Nord-Vietnamiens qui, quelques années plus tard, déboucheront sur les accords de Paris (1973). Membre de toutes les administrations démocrates (Carter, Clinton, Obama), il est le seul à occuper la fonction de sous-secrétaire d’État pour deux régions différentes : l’Asie, de 1977 à 1981, et l’Europe, de 1994 à 1996.
Pendant les années Reagan, il fait carrière dans le privé, notamment à Wall Street. Après l’élection de Clinton, il est nommé ambassadeur en Allemagne, puis aux Nations unies. Mais sa plus grande réussite reste la Bosnie. En 1995, il parvient en effet à rétablir la paix dans les Balkans en imposant au président serbe Slobodan Milosevic les accords de Dayton. Quinze ans plus tard, presque jour pour jour, Richard Holbrooke s’est éteint. C’est Frank Ruggiero, son adjoint, qui assurera sa succession à titre intérimaire.
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