Mille morts, six suspects
La Cour pénale internationale a révélé les noms des personnes qu’elle accuse d’avoir joué un rôle dans les violences postélectorales de 2007.
La liste était depuis longtemps tenue secrète : un peu plus d’une dizaine de responsables kényans auraient, un jour, à répondre des actes de violence commis après l’élection présidentielle de la fin de 2007. Le Parlement kényan ayant, à plusieurs reprises, écarté la possibilité de tous les juger localement, c’est finalement à la Cour pénale internationale (CPI) qu’échoit la tâche d’évaluer la responsabilité de six d’entre eux. Après quelques mois de préenquête, le procureur Luis Moreno-Ocampo a révélé leurs noms, le 15 décembre : « Ce sont ceux qui portent le plus de responsabilités, mais il y en a beaucoup d’autres… Et le Kenya peut, bien entendu, décider de les juger aussi. »
Sont ainsi montrés du doigt deux candidats potentiels à la présidentielle de 2012 : le vice-Premier ministre, ministre des Finances et fils du père de l’indépendance, Uhuru Kenyatta, et l’ex-ministre de l’Éducation supérieure, William Ruto. Mais aussi un ancien haut responsable de la police, le major général Hussein Ali ; le chef de la Fonction publique, Francis Muthaura (proche du président Mwai Kibaki) ; le ministre de l’Industrialisation et président du Mouvement démocratique Orange, Henry Kosgey (proche du Premier ministre, Raila Odinga) ; et enfin un journaliste, Joshua arap Sang, de Kass FM. À l’instar de Kenyatta, la plupart se sont déjà dits innocents : « Mon casier judiciaire est vide et il est tout à fait clair que je n’ai jamais commis le moindre crime. »
Pour l’heure, ces six personnes sont seulement suspectées d’avoir joué un rôle pivot lors des violences postélectorales ayant entraîné la mort de plus de 1 000 personnes, des viols, des destructions de propriétés et quelque 300 000 déplacés. Dans les mois qui viennent, la seconde chambre préliminaire de la CPI évaluera les preuves et entendra les avocats des accusés, avant d’émettre une citation à comparaître, un mandat d’arrêt – ou d’abandonner les poursuites.
Le président américain, Barack Obama, dont le père était kényan, a salué la décision de la CPI et encouragé le Kenya à collaborer.
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