Gisement géant de Guelb, acte II
La société nationale et industrielle et minière (Snim) a investi 1 milliard de dollars dans l’extension de cette mine, qui devrait assurer un bel avenir au groupe mauritanien.
Le premier coup de pioche a été donné le 25 novembre, à la veille des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de la Mauritanie. La mine de fer de Guelb II doit être opérationnelle en décembre 2012, soit exactement trois ans après la signature de la convention de financement entre la Société nationale industrielle et minière (Snim), des bailleurs prestigieux (Banque africaine de développement, Agence française de développement, Banque européenne d’investissement et Banque interaméricaine de développement) et des banques privées françaises (BNP Paribas et Société générale) et allemandes (BHF-Bank et KFW Ipex). Les 1,1 milliard de dollars ainsi réunis (environ 825 millions d’euros), financés à hauteur de 30 % sur fonds propres, ont permis de signer les contrats avec les fournisseurs juste avant la pose de la première pierre.
Après une année 2009 difficile pour cause d’effondrement des cours du fer et de baisse des commandes dus à la crise internationale (notamment celles de l’industrie automobile), la Snim a doublé son chiffre d’affaires en 2010, à 950 millions de dollars. Mais dès 2008, le groupe minier avait élaboré un programme de développement et de modernisation visant à porter sa production annuelle à 18 millions de tonnes en 2014 (contre 11,5 millions aujourd’hui). Le projet de Guelb II est un élément clé de cette stratégie, et la Snim tient jusqu’ici les délais fixés pour sa mise en route.
Située à Zouerate, en plein désert, la mine de Guelb (« la montagne ») est exploitée à ciel ouvert depuis 1984. Comme tous les gisements dans le monde présentant une bonne teneur en fer, elle arrive à épuisement : « Il reste une dizaine d’années au rythme actuel », estime Dahi Ould Zein, directeur financier de la Snim. Mais les études géologiques ont révélé l’existence de 500 millions de t de minerai à moindre teneur en fer et évaluent le potentiel du gisement à plus du double. De quoi rassurer les 4 500 employés de la Snim ainsi que les 50 000 habitants de Zouerate, que le groupe minier dessert en électricité et en eau, captée à plus de 50 km de là.
Nouvelles infrastructures
Si le coût des travaux (plus de 1 milliard de dollars, dont 749 millions pour Guelb II) fait de ce projet industriel le plus important jamais mené en Mauritanie, d’autres chiffres montrent l’envergure du chantier, dont le groupe d’ingénierie canadien SNC Lavalin assure la maîtrise d’ouvrage. Sur le site se construisent une usine d’enrichissement pour améliorer la teneur en fer du minerai extrait et une centrale électrique de 125 MW pour la faire fonctionner. La voie ferrée de 700 km qui assure le transport du minerai enrichi jusqu’à Nouadhibou, au rythme actuel de 1 100 convois de 150 wagons par an, va être entièrement refaite. Tout comme le port minéralier de la capitale, qui sera capable de charger 10 000 tonnes par heure (2 000 t/h aujourd’hui) dans des navires dont le tonnage pourra atteindre 250 000 t (150 000 t actuellement). Un investissement de 184 millions de dollars financé à 57 % par les banques privées partenaires et à 43 % sur fonds propres.
Avec Guelb II, la Snim se donne les moyens d’assurer son avenir… et celui de la Mauritanie. L’État possède 78,35 % du capital et du groupe minier, qui représente près de 15 % du PIB et la moitié des ressources à l’exportation du pays. « La Snim est la mère nourricière de la Mauritanie », conclut en plaisantant Isaac Lobe Ndoumbe, directeur Afrique du Nord de la Banque africaine de développement et chef de file des investisseurs de Guelb II.
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