Au cœur du pouvoir, la suite présidentielle

Compagnons d’armes ou proches parents, éminences grises ou conseillers d’une seule mission, ils sont nombreux à graviter autour du chef de l’État. Visite guidée…

Idriss Déby Itno et son épouse Hinda, en février 2008, à N’Djamena. © AFP

Idriss Déby Itno et son épouse Hinda, en février 2008, à N’Djamena. © AFP

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Publié le 27 décembre 2010 Lecture : 4 minutes.

Tchad : nouvelle ère ?
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Tchad : nouvelle ère ?

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D’après l’un des collaborateurs du chef de l’État, « chacun a sa place dans la galaxie et est sollicité en fonction de la situation du moment ». Un avis que ne partage pas tout à fait l’un des ex-proches du président, aujourd’hui dans l’opposition, selon lequel « ceux qui entourent Idriss Déby Itno ne sont que de simples pions. Certains pensent naïvement qu’ils ont son oreille, mais, en réalité, ils ne sont que des émissaires ».

En tout cas, la plupart des hommes de confiance du président tchadien sont loin d’être des nouveaux venus. Il les connaît depuis des années, à des degrés divers. Certains, qui ont occupé d’importantes fonctions ministérielles avant d’entamer une traversée du désert, vivent leur retour sur le devant de la scène comme une véritable résurrection. D’autres, tombés en disgrâce, continuent malgré tout d’arpenter les allées du pouvoir, parfois investis du titre de conseillers spéciaux, mais sans jouer, en réalité, de rôle concret. Quelques-uns, même si Déby Itno reste le seul maître du jeu, se sont vu confier des missions stratégiques.

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Aux avant-postes

L’ex-Premier ministre Moussa Faki Mahamat, 50 ans, chef de la diplomatie – portefeuille de premier plan pour un pays qui a besoin de redorer son blason sur la scène internationale –, est l’un des acteurs clés du rapprochement entre N’Djamena et Khartoum. Aux commandes, depuis 2003, d’un ministère tout aussi stratégique, celui des Infrastructures et des Transports, Adoum Younousmi apparaît aussi comme l’un des personnages les plus puissants du régime.

En première ligne viennent également les cadres du Mouvement patriotique du salut (MPS, parti présidentiel), à commencer par Nagoum Yamassoum, son secrétaire général, et Idriss Ndélé Moussa Yayami, dentiste de profession, ex-président du Parlement panafricain, chargé, en tant que président du groupe parlementaire du MPS à l’Assemblée nationale, d’assurer la cohésion des élus de la majorité. Enfin, Djibert Younous, 47 ans, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, a pour mission, au sein du bureau politique du MPS, de mobiliser la jeunesse. 

La garde rapprochée

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Aux côtés du chef de l’État au quotidien, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien directeur du cabinet présidentiel, Mahamat Saleh Annadif, occupe, depuis mars, la fonction clé de secrétaire général à la présidence, tandis que Mahamat Hissein, diplômé de l’école de journalisme de Yaoundé (Esstic) et ancien ministre de la Communication, est devenu il y a quelques mois, à 60 ans, directeur du cabinet présidentiel.

À 50 ans, leur prédécesseur, le discret Abakar Adoum Haggar, ex-directeur du cabinet présidentiel et ex-secrétaire général à la présidence, s’il n’apparaît pas dans les circuits officiels, compte toujours parmi les personnages influents. À l’instar du général Mahamat Ismaël Chaïbo, coordonnateur de l’Agence nationale de sécurité (contre-espionnage) depuis six ans, qui est monté en puissance grâce au conflit du Darfour. Abderrahman Moussa, l’un des tout premiers chefs de l’espionnage et du contre-espionnage de Déby Itno et qui fut pendant longtemps ministre de l’Intérieur, s’est également vu confier un poste clé, celui de médiateur national : c’est un homme de réseaux qui, notamment, ramène les rebelles au bercail. Enfin, fidèle parmi les fidèles (il était aux côtés de Déby Itno lors du siège de la présidence par les rebelles en février 2008), auquel ses détracteurs reprochent son « manque de discrétion », Mahamat Ali Abdallah, conseiller spécial du chef de l’État, fut chef d’état-major de l’armée, ministre et ambassadeur.

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En famille

Dans cette galaxie, la famille a sa place. Le frère aîné du président, Daoussa Déby Itno, a une forte influence. Patron de la plus grande entreprise de travaux publics du pays, la Société nouvelle d’études et de réalisation (Sner), il est par ailleurs ambassadeur du Tchad à Tripoli. Et, dans une région où les relations entre États s’étendent volontiers aux affaires de famille, on le considère comme le garant des bons rapports entre son pays et la Libye.

L’épouse du chef de l’État, Hinda Déby Itno, comme nombre d’autres premières dames, occupe le terrain du social, mais pas seulement. À 30 ans, diplômée en gestion, elle est très officiellement la secrétaire particulière du chef de l’État, c’est-à-dire la directrice de son cabinet privé. Politique du genre, octroi de bourses aux meilleurs bacheliers et à ceux qui entreprennent des études à l’étranger, obligation faite à l’enseignement supérieur d’accueillir prioritairement 500 filles, solidarité avec les personnes atteintes du sida… Ses actions sont multiples. De confession musulmane, elle a cependant suivi ses études primaires et secondaires dans des écoles chrétiennes. Ce qui, selon l’opinion répandue à N’Djamena, lui donne l’avantage d’être à l’aise dans toutes les communautés. Sa présence aux diverses manifestations publiques l’ont rendue populaire, au point que d’aucuns la trouvent très ambitieuse.

Enfin, le père de Hinda, Mahamat Abderahim Açyl, est l’actuel ambassadeur du Tchad au Soudan. Les observateurs estiment qu’en nommant son beau-père à Khartoum, Idriss Déby Itno veut rassurer son homologue soudanais en lui montrant toute l’importance qu’il attache au rapprochement entre leurs deux pays. Au Tchad, de plus en plus de personnes sont persuadées que la paix dépend beaucoup de la bonne entente avec le voisin de l’Ouest.

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