Ngarmadjal Gami : « Les critiques que je reçois des deux camps prouvent mon équité »

C’est à l’ancien syndicaliste, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qu’incombe la tâche d’organiser les scrutins de 2011. Critiqué de toutes parts, Ngarmadjal Gami ne lâche pas prise.

Le président de la Ceni se réjouit du consensus des critiques dont il fait l’objet. © Abdoulay Barry pour J.A.

Le président de la Ceni se réjouit du consensus des critiques dont il fait l’objet. © Abdoulay Barry pour J.A.

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Publié le 27 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Tchad : nouvelle ère ?
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Jeune Afrique : Subissez-vous des pressions dans vos fonctions ?

Ngarmadjal Gami : Il y a, bien sûr, des pressions. La Ceni étant paritaire, les partis politiques antagonistes ont des ambitions qu’ils aimeraient qu’elle réalise. S’ils ont l’impression que vous ne faites pas comme ils le souhaitent, ils vous critiquent et cherchent à vous pousser à poser certains actes.

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Est-ce pour cela que beaucoup de monde, dans la majorité comme dans l’opposition, n’est pas tendre avec vous, et qu’on vous juge manipulable ?

Je pense que c’est la continuation du consensus. Il y a eu consensus pour ma désignation, il y a consensus dans les critiques. C’est la preuve que je joue un rôle d’équilibriste un peu difficile, pour lequel, de part et d’autre, je ne suis pas compris. Cela me rassure et me conforte, car je craignais d’être accusé de rouler pour un camp contre l’autre. Les rafales que je reçois des deux camps sont la preuve de mon équité. Me fondant sur la connaissance que j’ai de moi-même, nul ne peut me manipuler.

La Ceni a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Jusqu’à récemment, j’ai eu des craintes quant à nos moyens. Par exemple, nous avions prévu le recensement électoral pour mars 2010. Le moment venu, c’était impossible. Nous avons été amenés à le reporter à mai. Mais le gouvernement et ses partenaires ont eu un sursaut et, aujourd’hui, il n’y a pas de problèmes financiers. Si ce rythme est maintenu, il y a de fortes chances que le processus se termine bien. Mais je ne peux présager de l’avenir.

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Les listes électorales ne sont pas biométriques mais informatisées. Est-ce gênant ?

Je crois que non. Le code électoral a prévu de privilégier le recensement biométrique, tout en ajoutant que, si cela n’était pas possible, il fallait rechercher un modus vivendi. Une partie de la Ceni était pour le recensement biométrique, l’autre pour l’informatisation. Finalement, la classe politique a conclu que nous n’avons pas les moyens appropriés pour le biométrique. Le choix de l’informatisation est consensuel.

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Toute fraude est donc impossible ?

En principe, oui. Dans chaque registre, chacun a son nom et son numéro d’immatriculation. Lorsque les registres reviennent au niveau central pour l’établissement de la liste électorale, un autre numéro est attribué. Toute tricherie est impossible.

Pensez-vous que les Tchadiens seront nombreux à aller voter ?

Nous avons mobilisé tout le monde pour expliquer aux Tchadiens que les scrutins de 2011 sont particuliers. Le message est passé et les citoyens sont sortis de leur torpeur. 

Que vous inspirent les mésaventures de vos homologues guinéen et ivoirien ?

J’ai suivi cela avec beaucoup d’inquiétude. Le fait que les Guinéens ne se soient pas fait confiance au point d’aller chercher un président de Ceni à l’étranger n’était pas digne. En Côte d’Ivoire, les divisions de la Ceni ont donné au Conseil constitutionnel l’occasion d’imposer sa volonté en faveur d’un camp. Je ne souhaite pas que cela arrive au Tchad.

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