Dégâts collatéraux
Le scandale du détournement des sommes allouées au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a coûté son poste au ministre de la Santé Oumar Ibrahim Touré.
Après plusieurs semaines de pressions, de révélations et d’arrestations, la situation était devenue intenable : le 5 décembre, le ministre malien de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, a fini par donner sa démission pour se mettre à la disposition de la commission chargée d’enquêter sur le détournement de sommes allouées au Mali par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Une décision qui pourrait avoir été exigée directement par la présidence de la République. Le portefeuille de la Santé échoit désormais à Alou Badara Macalou, chargé jusque-là de celui des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine.
Selon le Fonds mondial, 4 millions de dollars (environ 3 millions d’euros) de subventions ont été détournés via des fausses factures, documents falsifiés et autres surfacturations. Certains villages attendent toujours des médicaments dont ils étaient censés être bénéficiaires tandis que d’autres ont payé pour des moustiquaires imprégnées des prix nettement supérieurs à leur valeur réelle.
Deux jours après la démission du ministre de la Santé, le Fonds mondial a suspendu trois de ses programmes consacrés à la lutte contre le paludisme et la tuberculose (22,6 millions de dollars). Depuis sa création, en 2002, le Fonds a octroyé 128 millions de dollars d’aide au Mali, et 79 millions de dollars lui ont déjà été versés.
Le 4 décembre, le président malien, Amadou Toumani Touré, déclarait : « Chaque fois que quelqu’un est accusé de malversation, nous ferons ce qui est nécessaire pour que justice soit faite. […] Je souhaite néanmoins que toute personne arrêtée dans le cadre de cette affaire ait la chance de se défendre, d’être protégée et éventuellement de prouver son innocence. » C’est ce que va tenter de faire Oumar Ibrahim Touré, vice-président de l’Union pour la république et la démocratie (URD), face au procureur anticorruption Sombé Théra. Le Fonds mondial a, quant à lui, retiré la présidence de l’Instance de coordination nationale au ministère de la Santé pour la confier au président du Réseau malien des personnes vivant avec le VIH/sida, Modibo Kane.
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