Promotion Konaté

Le 6 décembre, alors que les Guinéens attendaient encore l’annonce de l’investiture du nouveau chef de l’État, Alpha Condé, ils ont appris la nomination du président de la transition, le général Sékouba Konaté, à la tête de la Force africaine en attente de l’Union africaine (UA). La nouvelle a été diversement appréciée.

Pour certains, c’est un « grand honneur » pour la Guinée. Hormis Boubacar Diallo Telli et Jeanne Martin Cissé (respectivement premier secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine et première femme à présider le Conseil de sécurité de l’ONU), rares sont les Guinéens ayant occupé une place de choix dans des institutions internationales. Mais d’autres y voient une astuce pour l’écarter de Conakry et éviter d’avoir une « république à deux têtes », et les plus pessimistes craignent que son éloignement réveille les appétits de militaires réticents à céder le pouvoir aux civils…

L’intéressé, en repos médical au Maroc lors de l’annonce de la décision prise par Jean Ping, le président de la Commission de l’UA, préfère rester discret. « Il ne se prononcera pas avant d’avoir échangé avec le président Condé et de s’être rendu à Addis-Abeba pour un brief », indique un proche de Sékouba Konaté, soulignant néanmoins qu’il acceptera sans aucun doute ce « nouveau défi ». « Konaté a été récompensé pour service rendu. Malgré les difficultés, il a fait de son pays un modèle dans la sous-région et en Afrique », analyse un diplomate occidental en poste à Conakry.

Si, entre les deux tours, la popularité du « Tigre » (surnom de Konaté) a souffert de l’impatience d’une partie de la population, il a toujours la cote. L’UA, soucieuse de consolider sa politique de prévention des conflits et de gestion des crises, voit en lui l’homme de la situation. Et, à Paris comme à Washington, on s’apprête à le recevoir avec tous les honneurs.